Djamel Tatah, portraits en suspens

L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 231 mots

Sur de vastes plages de couleur intense, Djamel Tatah peint des figures « grandeur nature », le teint pâle, vêtues de sombre, seules ou juxtaposées en petit nombre, le regard perdu dans les lointains de la toile ou flottant sur le spectateur.

Semblables mais caractérisées par leur sexe, leur visage et leur pose, ces présences s’imposent, chacune unique ; elles intriguent par leur anonymat apparent qui tombe devant la suggestion d’une somme de relations et de présences potentielles leur confèrant une épaisseur toute humaine. Ces portraits ne se limitent pas à la seule figure visible mais naissent de l’affleurement de toute une chaîne d’individus et de déterminations. Et la peinture s’en trouve repeuplée. Au silence des corps, empli d’échos, les fonds palimpsestes répondent par leur vide sillonné de traces diverses, généalogiques, identitaires, relationnelles, et en appellent à la présence de l’autre. Il en résulte des portraits en suspens : de même que les corps flottent dans un espace à la fois proche et irréductiblement coupé du monde physique, les œuvres de Djamel Tatah sont suspendues entre inertie et mouvement, silence et parole. En dernier recours, il revient au passant, par sa présence, de rétablir le dialogue entre ces corps et le monde, de les amener à l’existence et de les intégrer au groupe humain, d’où le rapport immédiat et intime qui se noue avec ces œuvres.

Galerie Durand-Dessert, 12 juin-24 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Djamel Tatah, portraits en suspens

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