Art contemporain

Dhewadi Hadjab

Par Amélie Adamo · L'ŒIL

Le 22 septembre 2021 - 586 mots

Peut-être avez-vous remarqué, au début de l’année 2021, sa peinture à l’occasion de l’exposition « Crush » ? Cet accrochage initié par les Beaux-Arts de Paris, orchestré par trois commissaires invités, visait à révéler la création des jeunes artistes de l’école aux professionnels de l’art.

C’est un peu là que tout commence pour le jeune Dhewadi Hadjab encore étudiant dans l’atelier de Tim Eitel : le voilà alors présélectionné pour le prix Rubis Mécénat dont il est le lauréat et grâce auquel il a été invité à produire une œuvre exposée cet automne à l’église Saint-Eustache. Cela fait pourtant déjà plusieurs années que Dhewadi Hadjab peint.

Corps en mouvements

Né en Algérie, celui-ci sort diplômé des Beaux-Arts d’Alger en 2016 puis, en 2017, entre à l’École nationale supérieure d’art de Bourges. Deux formations où il apprend la pratique et la théorie de la peinture. Mais arrivé aux Beaux-Arts de Paris, en 2019, c’est « autre chose », explique-t-il : il y a l’histoire de l’école, son prestige, son emplacement, le réseau et les événements organisés. C’est grâce à tout cela que Dhewadi Hadjab commence à multiplier « les rencontres professionnelles » et à « montrer » de façon significative son travail.

Ce travail, dès le début, est tourné vers la représentation du corps. Un corps qui va progressivement se mettre à bouger, étrangement mis en scène. Il y a dans le mouvement de ces corps, contorsionnés dans des postures inconfortables et isolés dans des intérieurs, l’apport de la danse (deux peintures sont actuellement exposées dans l’exposition « Danser sur un volcan » au Frac Franche-Comté, à Besançon), de la chorégraphie, du théâtre, du cinéma, mais aussi, bien sûr, de la peinture. Les influences de Dhewadi Hadjab ? Tant Bacon et Michaël Borremans que Pina Bausch ou Lars von Trier. Si Dhewadi Hadjab utilise des photographies de modèles et le photomontage pour construire la base de ses mises en scène, le travail de peinture à l’huile n’en demeure pas moins primordial : « Si vous comparez l’œuvre finie au photomontage, vous mesurez à quel point c’est différent ! », souligne l’artiste. La couleur, la lumière, le jeu entre fond et figure se modifient en fonction des besoins du tableau. Ce qui fait la singularité de cette peinture, c’est sans doute avant tout l’étrangeté de ces intérieurs imaginaires, fictifs. Ils ne sont peuplés que de quelques objets. Un canapé, un tapis, un escalier, une fenêtre, une embrasure de porte, un mur aux papiers peints déchirés. Il y a ainsi dans ces lieux quelque chose d’indéfinissable, d’anonyme, d’intemporel, ce qui leur donne une certaine charge poétique. Et l’ambiguïté des postures, figées dans des mouvements peu naturels, participe de cette fiction étrange. En émane une sensation d’enfermement et de solitude.

C’est dans la continuité de cette réflexion sur le corps en mouvement que s’inscrira la proposition de Dhewadi Hadjab que l’on peut découvrir, à partir du 7 octobre, à l’église Saint-Eustache. En lien avec le caractère sacré du lieu, l’artiste a porté à cette occasion un regard particulier sur la peinture religieuse, notamment celle de Caravage. Créant un dialogue entre ancien et contemporain, Dhewadi Hadjab y présente un diptyque où le corps en prière, dans sa gestuelle et son état extatique, est perçu « comme un acte chorégraphique ».

 

1992
Naissance en Algérie
2011
Entre aux Beaux-Arts d’Alger
2017
Début d’une nouvelle expérience en France. Entre aux Beaux-Arts de Bourges
2019
Admis aux Beaux-Arts de Paris
2021
Première exposition institutionnelle au Frac Franche-Comté, « Danser sur un volcan » , jusqu’au 2 janvier 2022 Du 7 octobre au 12 décembre 2021, exposition à l’église Saint-Eustache

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°747 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Dhewadi Hadjab

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