Art moderne

Coup de cœur

Devambez enchante Paris

Petit Palais, Paris-8e – Jusqu’au 31 décembre 2022

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 25 octobre 2022 - 314 mots

Peinture -  Peut-on rire au musée ? À cette question métaphysique, le Petit Palais répond par l’affirmative en ouvrant son exposition par une immense photographie d’André Devambez se fendant ostensiblement la poire.

C’est pourtant d’un peintre on ne peut plus sérieux dont il est question ici, comme nous le laisse deviner son costume tiré à quatre épingles et sa barbe impeccable. Devambez est en effet un homme de paradoxes. Couvert d’honneurs (prix de Rome, académicien et récipiendaire de la Légion d’honneur), il aurait pu se contenter d’une carrière à succès de peintre institutionnel. D’ailleurs, il a reçu de prestigieuses commandes de peinture d’histoire et de portraits très classiques, à l’image de celui immortalisant ses collègues de l’Académie française. Quel décalage entre cet aréopage de messieurs BCBG et le reste de sa production qui régale le public à l’occasion de sa redécouverte ! Adepte du grand écart, l’artiste pouvait en effet simultanément commettre cette machine, inventer les œuvres les plus facétieuses et oser les expérimentations artistiques qui font tout le sel de sa peinture. Malicieux, farceur et d’une imagination sans bornes, Devambez a de fait légué à la postérité une œuvre absolument inclassable. Tout au long de sa prolifique carrière, il n’aura cessé de séduire, divertir mais aussi émouvoir le public. Fasciné par la comédie humaine et le théâtre de la modernité, il a forgé quelques-unes des images les plus étonnantes du début du XXe, tels ces incroyables paysages vus depuis un avion, qui sidèrent aujourd’hui encore par leur avant-gardisme. Dans un tout autre registre, il a aussi inventé certaines images emblématiques de la Grande Guerre et, en même temps, s’est passionné pour les saynètes fantaisistes, autant que pour les contes cruels ou la publicité. Le fil conducteur de cette carrière sans équivalent ? Une soif inextinguible pour la création, qu’elle se traduise par de vastes compositions ou par des peintures format timbre-poste. Chapeau, l’artiste !

« André Devambez. Vertiges de l’imagination »,
Petit Palais, avenue Winston-Churchill, Paris-8e, www.petitpalais.paris.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Devambez enchante Paris

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