Deux femmes au Palais Royal

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 254 mots

Rien ne destinait l’Américaine Beverly Pepper, née à New York en 1924, et la Polonaise Magdalena Abakanowicz, née à Falenty en 1930, à se retrouver partager un beau jour le même espace d’exposition.

C’est bel et bien pourtant ce qui leur arrive, invitées toutes deux à installer un choix de leurs œuvres dans les jardins du Palais Royal. Leur démarche respective est cependant quasiment aux antipodes l’une de l’autre : ici, de monumentales sculptures abstraites en situation de dialogue avec la nature, qui se dressent dans l’espace et font signe ; là, une œuvre qui multiplie les formes humaines – têtes sans visages, corps sans membres, dos creux – et les aligne par rangées. Tandis que les pièces de la première renvoient à une expérience de la sculpture minimaliste et totémique dont la quête est celle d’un « monument qui transcenderait le temps », celles de la seconde mettent en jeu dans des environnements d’une rare tension dramatique les notions d’anonymat, de stéréotype, de collectif et d’individuel. Fonte de fer et colonnes élancées chez l’une, bronze, acier corten et figures regroupées chez l’autre, la confrontation des sculptures de Beverly Pepper et de Magdalena Abakanowicz dans les jardins du Palais-Royal, un lieu chargé d’histoire, repose somme toute sur un surprenant effet de complémentarité. À ce point même que, par-delà leurs différences de nature, leurs œuvres semblent entretenir un dialogue, fortes qu’elles sont l’une et l’autre d’un rapport au corps qui soumet le regardeur à l’épreuve d’une puissante altérité.

Jardins du Palais Royal, jusqu’au 1er septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Deux femmes au Palais Royal

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