Portraits

Destinées impériales

Le Journal des Arts

Le 4 mars 2005 - 547 mots

L’exposition « La pourpre et l’exil », au Musée du château de Compiègne, aborde un thème novateur, basé sur la comparaison entre l’Aiglon et le Prince impérial.

 Compiègne - L’année 2004 ne compte plus les célébrations nationales rendues dans le cadre du Bicentenaire du premier Empire ! Parmi elles, « La pourpre et l’exil », l’exposition du Musée du château de Compiègne. Pour la première fois sont mises en parallèle la vie de l’Aiglon, fils de Napoléon Ier et de l’impératrice Marie-Louise, et celle du Prince impérial, fils de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie. Environ 230 pièces, peintures, œuvres graphiques, meubles, objets personnels ou d’apparat, documents et costumes ont été réunis. Aux collections du second Empire du château de Compiègne, résidence officielle de Napoléon III, s’ajoutent les prêts des musées de Vienne, de Parme, de Naples, de Rome, des Musées nationaux français ainsi que de nombreuses collections privées.
« La pourpre et l’exil, c’est ainsi qu’à grand traits l’on pourrait résumer la destinée qui fut celle de deux napoléonides », écrit dans le catalogue Jacques Pérot, directeur des Musées nationaux des châteaux de Compiègne et Blérancourt. Ces deux enfants uniques, élevés dans les fastes de la cour impériale, médaillés de la Légion d’honneur, exilés, sont morts prématurément à 21 et 23 ans.

Monument funéraire
Le parallèle s’opère dès le début de l’exposition. Les berceaux, « le trône » du roi de Rome, conservé au Musée du château de Fontainebleau, et « la nef » du Prince impérial, conservée au Musée Carnavalet, à Paris, se font face. Placés au-dessus, les portraits officiels de leurs mères, l’un par François Gérard et l’autre par Winterhalter, semblent encore veiller sur leurs enfants. Comme un album de souvenirs, le visiteur voit grandir, au fil de l’exposition, les théoriques « Napoléon II et IV ».
Les deux baptêmes sont célébrés en juin, avec faste, à Notre-Dame. L’un, l’Aiglon (1811-1832), abandonne son pays à trois ans pour l’Autriche. On le voit en jardinier dans les jardins de Schönbrunn sous le pinceau de Carl von Sales. Son portrait par le peintre Krafft en tenue de sergent du 1er régiment d’infanterie et les multiples uniformes exposés témoignent de sa carrière militaire. La reconstitution unique de sa chambre à Vienne donne à voir le mobilier prêté par le Hofmobiliendepot autrichien. Le Prince impérial (1856-1879) s’exile en Angleterre en 1870. Articles de journaux, photographies et artistes illustrent son apprentissage de la vie officielle. Le Prince impérial et son chien Néro et Le Prince impérial au chapeau et aux livres, exécutés par le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, célèbres pièces du Musée du château de Compiègne, sont présentées ici. Le tableau de Paul Jamin représente la mort du Prince, survenue lors d’un combat au Zoulouland. Le projet de monument funéraire de Prosper d’Épinay est quant à lui exposé pour la première fois.
« Vivat imperator in aeternum ! », avait déclaré le pape Pie VII lors du sacre de l’empereur. Le parcours démontre une fois de plus que le mythe de Napoléon n’a pas pris une ride, deux cents ans après son sacre.

La pourpre et l’exil

Jusqu’au 31 mars, Musée du château de Compiègne, 60200 Compiègne, tél. 03 44 38 47 02, tlj sauf mardi, 10h-12h30 et 13h30-18h. Catalogue d’exposition, La pourpre et l’exil, éditions RMN, 296 p., 52 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Destinées impériales

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