Des centres d’art très actifs

Les espaces alternatifs se multiplient

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 26 septembre 1997 - 464 mots

Depuis le début des années quatre-vingt, un grand nombre de centres d’art ont été créés en Suisse, permettant notamment aux régions francophones de combler leur retard dans la promotion de la jeune création. Des espaces ont ainsi été ouverts à Winterthur (1980), Saint Gall (1985), Zurich (1986), Liestal (1990), Fribourg (1990), Bellinzone (1994) et Neuchâtel (1995).

Le concept de lieu d’exposition consacré à l’art contemporain – plus souple qu’un musée puisqu’il ne constitue pas de collection – n’a pendant longtemps fait recette qu’en Suisse alémanique. Le premier d’entre eux, créé sur un modèle allemand lui-même inspiré par les sociétés d’Amis des arts britanniques, a vu le jour à Bâle en 1839. Avec un statut de droit privé, la Kunstverein qui le gérait réunissait des artistes et des amateurs d’art. D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, les Kunsthalle exposent à la fois des artistes internationaux et des créateurs locaux (une exposition leur est réservée tous les ans à Noël). La Kunsthalle de Berne figure également parmi les plus anciennes de la Confédération, puisqu’elle a été fondée en 1918. Les disparités qui ont longtemps existé entre les régions alémanique, romande et tessinoise, tendent aujourd’hui à s’estomper. Dans la plupart des cas, ces centres d’art vivent grâce à un important soutien privé local, qui peut parfois atteindre la quasi-totalité du budget annuel de fonctionnement, comme pour le Centro d’arte contemporaneo Ticino de Bellinzone ou le Centre d’art Neuchâtel. Les cantons ou les villes versent parfois également des subventions. Le Centre d’art contemporain de Genève, créé en 1974, dispose par exemple d’un budget annuel d’environ 750 000 francs suisses (3 millions de francs français) versés à parité par la ville, d’une part, et par des sponsors et les cotisations des membres, d’autre part. Les Kunsthalle et centres d’art, qui organisent en moyenne une dizaine d’expositions par an, sont des lieux d’expérimentation et, sauf exception, n’ont aucune fonction patrimoniale. À ces structures s’est ajouté récemment un ensemble de lieux plus alternatifs, à l’image de la Rote Fabrik de Zurich. À Genève, des espaces de ce type viennent d’ouvrir successivement : Forde, Saint Gervais, Mire, Attitudes, ces deux derniers dans d’anciens locaux industriels au 5 avenue de Rosemont. Ces associations très légères travaillent plutôt sur projet avec les artistes, et sans beaucoup de moyens. De même, la scène artistique zurichoise bouge beaucoup, tout en étant plus respectueuse de l’institution. Les moyens disponibles dans la capitale financière du pays sont cependant sans comparaison. La plupart de ces lieux genevois, dans une conjoncture plus favorable du marché de l’art, auraient certainement pris la forme d’une galerie. Ils seraient d’ailleurs ravis de pouvoir vendre les pièces qu’ils exposent, ne serait-ce que pour boucler leur propre budget de fonctionnement, mais les acheteurs se font rares, surtout lorsque les programmateurs prennent des risques et invitent de jeunes artistes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Des centres d’art très actifs

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