Derain sous la lumière du Midi

L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 402 mots

Après l’exposition présentée à Valence et Lausanne consacrée à son travail de sculpteur (L’Œil n° 545) et celle de la galerie Schmit à Paris s’attachant principalement à sa production graphique, le musée de l’Annonciade propose d’aborder l’œuvre peint d’André Derain (1880-1954) à travers ses paysages du Midi, entre 1905 et le début des années 1930. Lorsque l’artiste rejoint Matisse dans le petit port de Collioure en 1905, il utilise encore le pointillisme qu’il délaisse assez vite pour la lumière éclatante et la couleur vive. Sous le charme des atmosphères méridionales, il se montre prêt à toutes les outrances qui caractérisent le fauvisme. Petit à petit, c’est la couleur qui structure l’espace (Le Phare de Collioure).
« Ce pays-ci, ce sont des bateaux, des voiles blanches, des barques multicolores. Mais surtout, c’est
la lumière... Une lumière blonde, dorée qui supprime les ombres. Une nouvelle conception de la lumière qui consiste en ceci : la négation de l’ombre », écrit-il à Maurice Vlaminck. Lors de son séjour à l’Estaque en 1906, il utilise davantage les courbes et manifeste un intérêt prononcé pour le décoratif. Sa période fauve est brève, il renonce rapidement à la couleur pure mais conserve la force des contrastes. À Cassis (1907), ses œuvres révèlent une importance croissante du dessin, orientant ses recherches vers une certaine stylisation (Cyprès à Cassis). S’il est l’un des artistes à avoir mis en œuvre les principes du fauvisme, il sera aussi l’un des premiers à s’en éloigner au profit d’un art plus ordonné et rigoureux. Durant les années 1908-1913, à Cadaquès et Cagnes, ses formes se géométrisent sous l’influence de Cézanne et une certaine austérité vient baigner ses paysages. À l’issue de la Première Guerre mondiale, et notamment après son passage à Rome en 1921, l’art de Derain prend un tour nouveau, admiratif du paysage classique français, de Poussin et Le Lorrain, puisant son inspiration dans la peinture elle-même plus que dans l’observation directe de la nature. Les quarante tableaux et les vingt-deux dessins réunis à Saint-Tropez permettent de suivre l’artiste sur les différentes voies qu’il a explorées. Souvent résumé à sa période fauve aux côtés de Matisse et Vlaminck, Derain a produit une œuvre inégale mais très variée, guidé par son besoin permanent de renouvellement.

« André Derain, paysages du midi », SAINT-TROPEZ (83), musée de l’Annonciade, place Grammont, tél. 04 94 97 04 01, 14 juin-6 octobre, cat. 170 p., 50 ill. coul.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Derain sous la lumière du Midi

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