Degas collectionneur

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 408 mots

L’an dernier, à Londres, la National Gallery exposait 50 œuvres qui avaient appartenu à la collection de Degas. Le Metropolitan Museum va plus loin cette fois puisque 250 œuvres (Delacroix, Ingres, El Greco, Daumier, Manet, Cézanne…) rendent compte du goût du peintre.

NEW YORK. La collection de Degas “est fermée (...) et il n’est pas recommandé de sonner à la porte, à moins que vous ne teniez un Ingres inconnu sous le bras”, écrivait un ami de l’artiste en 1901. Moins d’un an après la présentation succincte de la National Gallery, le Met a identifié, recherché et obtenu 250 œuvres auprès de plusieurs dizaines de musées et de collections privées. “Nous disposions de notes de Degas sur ses possessions, mais elles étaient parfois elliptiques, comme “Nu d’Ingres”, reconnaît Gary Tin­terow, conservateur des peintures européennes. “Cette exposition est présentée dans un désordre calculé. Elle est basée sur les partis pris d’un artiste”, explique le directeur du Metro­politan Mu­seum, Philippe de Montebello. Degas, qui avait hérité de son père des œuvres de maîtres anciens, a passé trente ans à constituer une collection qui reflète le goût bourgeois de l’époque pour les peintres du XIXe, avec toutefois une surprise : deux Greco, un peintre alors peu apprécié. Il échangeait des toiles avec d’autres artistes et achetait par l’intermédiaire de son propre marchand, Durand-Ruel. Vers la fin des années 1890, Degas avait transformé son appartement en véritable musée privé où seuls ses amis étaient admis. Il y avait réuni des œuvres des prédécesseurs qu’il admirait – Ingres, Delacroix, Daumier – et de certains contemporains, principalement Manet, Gauguin, Cézanne et Mary Cassatt. Degas achetait également des estampes japonaises, en vogue en cette fin de siècle. D’après ses notes, Degas voulait ouvrir au public un musée qui aurait présenté ses acquisitions aux côtés de ses propres œuvres, mais le projet n’a jamais vu le jour. Après sa mort, huit ventes, considérées alors comme “les enchères du siècle”, ont été organisées en 1918 et 1919 pour disperser quelque 8 000 pièces, dont environ 3 000 de ses propres œuvres. Lors de ces enchères, auxquelles ont assisté marchands, collectionneurs et conservateurs du monde entier, les Collections nationales britanniques ont par exemple pu constituer le cœur de leur collection de peintures du XIXe siècle.

LA COLLECTION PRIVÉE D’EDGAR DEGAS, jusqu’au 11 janvier 1998, Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Ave. 82nd Street, New York, tél. 1 212 879 5500, tlj sauf lundi 9h30-17h30, vendredi et samedi 9h30-21h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Degas collectionneur

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