Art ancien

De Florence à Rouen

Le Journal des Arts

Le 9 juin 2006 - 491 mots

Le Musée des beaux-arts de Rouen accueille un florilège de chefs-d’œuvre prêtés par les plus grands musées florentins.

 ROUEN - Le temps d’une exposition, le Musée des beaux-arts de Rouen se transforme en temple de l’art italien. Plus de quatre-vingts peintures et sculptures prêtées par les plus grandes institutions florentines – la Galerie des Offices, le Musée du Bargello, la Galerie de l’Académie, le Palazzo Pitti, le Palazzo Vecchio, le Palazzo Mozzi Bardini, le Musée de San Marco – sont exceptionnellement réunies.
Intitulée « Miroir du temps », cette exposition, précédemment proposée à Pékin, couvre six siècles d’histoire de l’art italien, de la fin du xiiie siècle aux premières décennies du xixe, représentées par quelques portraits néoclassiques. Conçue de manière chronologique au gré d’une scénographie sobre – des murs de couleurs, de grands espaces où les œuvres respirent –, elle offre la plus large place aux grands maîtres, mais s’ouvre également à certaines personnalités moins connues qui constituent de belles découvertes. Une Lucrèce d’Antonio Bazzi (dit Sodoma), restaurée spécialement pour l’événement, est ainsi présentée au public pour la première fois. L’évolution de la représentation de l’homme, à travers le courant de pensée humaniste qui se développe après le Moyen Âge et s’épanouit pleinement à la Renaissance, constitue le fil rouge de cet accrochage réussi.

Richesses incroyables
La plupart des œuvres sont des portraits, et le parcours en montre remarquablement l’évolution, depuis les représentations encore très marquées par l’antique avant la Renaissance jusqu’aux visages plus personnalisés, plus intimistes, où les traits priment sur l’évocation du rang et du statut du personnage. Les toiles exposées mettent en évidence toutes les ambiguïtés d’une peinture qui ne cesse d’osciller entre portrait idéalisé, quête de la ressemblance physique et volonté de saisir l’âme, la pensée du modèle.
La liste des artistes donne à elle seule le vertige, notamment pour la période de la Renaissance, qui constitue l’ensemble le plus impressionnant. Andrea Del Castagno, Allori, Pollaiolo, Mantegna, Raphaël, Andrea Del Sarto, Bronzino, Titien et Jacopo Tintoret comptent parmi les invités. L’imposant Pallas et le Centaure de Botticelli, une superbe Vénus de Lorenzo Di Credi pour les scènes mythologiques côtoient quelques tableaux religieux importants de la main de Masaccio, Fra Angelico, Uccello, Lippi ou le Corrège. Parmi les tableaux les plus expressifs, l’Hercule du Guerchin est une œuvre d’une grande force et d’une singulière humanité, tout comme le méconnu Samson de Palma le Jeune, admirable de puissance dans la représentation de la torsion du corps. Au regard de ces toiles, la dernière salle consacrée aux XVIIIe et XIXe siècles paraît plus faible, malgré quelques portraits féminins de belle facture (Autoportrait d’Angelica Kaufmann). Elle clôt une exposition impressionnante, conçue pour le plaisir des yeux, reflet des richesses incroyables des musées florentins.

MIROIR DU TEMPS, CHEFS-D’ŒUVRE DES MUSÉES DE FLORENCE

Jusqu’au 3 septembre, Musée des beaux-arts, esplanade Marcel-Duchamp, 76000 Rouen, tél. 02 35 71 28 40, tlj sauf mardi 9h-19h, nocturne jeudi jusqu’à 22h. Catalogue, éd. Silvana Editoriale, 240 p., 35 euros.

MIROIR DU TEMPS

- Commissaire général de l’exposition : Laurent Salomé - Commissaire scientifique : Mario Scalini - Nombre d’œuvres exposées : 80

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : De Florence à Rouen

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