Photographie

Paris-4e

David Goldblatt, conteur des divisions de l’Afrique du Sud

Centre Pompidou - Jusqu’au 13 mai 2018

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 30 avril 2018 - 330 mots

Parcourir chronologiquement l’œuvre photographique de David Golblatt, c’est dérouler l’histoire d’un homme de 88 ans qui n’a cessé de regarder et d’interroger son pays, l’Afrique du Sud, pour comprendre de manière subtile ses divisions et ses ambiguïtés.

Série après série, la rétrospective du Centre Pompidou fait rentrer de plain-pied dans la vision de ce conteur hors pair. Il faut prendre le temps de l’écouter dans les courtes vidéos installées de salle en salle. Le récit qu’il fait de chaque série situe chacune d’entre elles dans son époque. Le chef de fil de la photographie sud-africaine n’a jamais voulu faire une photographie militante ni s’enfermer dans un style. Dans ce renouvellement incessant, ressort cependant des permanences auxquelles il tient. Afrikaners ou travailleurs noirs exploités : David Golblatt traite chaque composante de la société avec la même distance critique. Qu’il photographie l’apartheid ou Johannesburg dans son évolution depuis 1972, ce positionnement demeure. Environnement, attitude, vêtements et objets : chaque détail incarne la situation dans un noir et blanc d’une grande sobriété. L’introduction de la couleur n’a en rien modifié à la ligne de conduite. La composition concise du cadre, la précision de la légende, ne laissent aucune place à l’interprétation. Le choix de consacrer la moitié de la rétrospective à Structures donne la mesure de la détermination de la démarche. Entamée depuis 1983, la série dresse le portrait d’églises, monuments, bâtiments ou infrastructures publiques en lien avec l’apartheid et ses traces. Ses dernières photographies et ses textes sur les événements qui ont secoué l’université du Cap en 2015-2016 sont implacables. Après avoir déboulonné la statue de Cecil Rhodes, figure du colonialisme anglais en Afrique du Sud, des jeunes noirs ont brûlé des peintures et des photographies qu’ils jugeaient représentatives de l’art colonial, alors que certains de leurs auteurs ont lutté contre l’apartheid. Mais le plus grave reste pour David Goldblatt la décision de l’université d’ôter des murs les autres pièces de sa collection.
 

« David Golblatt »,
Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris-4e, www.centrepompidou.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : David Goldblatt, conteur des divisions de l’Afrique du Sud

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