Histoire - Livre

Dante, entre ombre et lumière

Fondation Bodmer - Jusqu’au 28 août 2022

Par Ingrid Dubach-Lemainque, correspondante en Suisse · L'ŒIL

Le 5 janvier 2022 - 339 mots

COLOGNY / SUISSE

Lire Dante, c’est accomplir « un voyage initiatique de l’obscurité à la lumière », comme l’écrit joliment le critique René de Ceccatty.

L’exposition de la Fondation Bodmer consacrée au poète italien l’illustre pleinement, au propre comme au figuré. Dans le musée qui conserve les trésors manuscrits et littéraires du collectionneur Martin Bodmer, sis sur les hauteurs de Genève et surplombant le lac Léman, il faut quitter la douce lumière d’automne et descendre au dernier étage de l’édifice souterrain pour plonger au cœur de l’univers dantesque, dans une salle très sommairement éclairée. La raison en est simple : ce sont des trésors manuscrits et des livres rares qui y sont dévoilés, de manière inédite pour la plupart, à l’occasion de la célébration du 700e anniversaire de la mort de Dante (1265-1321).

Aux ouvrages qui constituèrent sa bibliothèque (des grands auteurs grecs et romains, Homère, Horace ou Cicéron) succèdent des éditions originales de la Divine Comédie. Difficile pourtant de faire revivre ce grand homme dont on sait si peu de choses à travers les livres. L’exposition nous promet plus encore : découvrir la fortune de Dante à travers les siècles. Des séries d’ouvrages exposés nous prouvent que nombreux sont en effet les grands écrivains modernes, de James Joyce à Thomas Mann en passant par Primo Levi et Rimbaud, à avoir trouvé dans cette trilogie poétique une source inépuisable d’inspiration. Mais le visiteur de 2021 n’aurait-il pas besoin de plus de clés pour comprendre cette œuvre magistrale ? Une borne interactive et des cartels minimalistes suffisent-ils à l’éclairer ? Pour notre bonheur, et pour donner un peu de chair à la présentation, il y a ce portrait de profil de la main de Sandro Botticelli (posthume, puisque daté de 1495), prêté par un collectionneur privé, une peinture iconique du poète florentin qui en a fixé la représentation pour les siècles suivants, et sa version copiée anonyme détenue par le Musée Bodmer. Et aussi des œuvres des artistes Johann Heinrich Füssli ou Gustave Doré qui animent une présentation érudite et de qualité mais dont on regrette l’opacité.

« La fabrique de Dante »,
Fondation Bodmer, route Martin-Bodmer 19, Cologny (Suisse), fondationbodmer.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Dante, entre ombre et lumière

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