Liturgie

Dans le secret des richesses d’églises

Le Journal des Arts

Le 16 décembre 2005 - 486 mots

Les trésors de la cathédrale de Liège s’exposent à Beaune.

 BEAUNE - Le premier mérite de l’exposition « Trésors des cathédrales d’Europe », outre les pièces exceptionnelles qu’elle présente, est de permettre une redéfinition de la notion de trésor d’église. Celui-ci comprend des éléments relatifs à la décoration de l’édifice, des objets cultuels et des reliquaires, mais aussi des objets exotiques insolites ou des armes, qui donnent à certains trésors des allures de véritable collection.
Après une introduction consacrée à la Principauté de Liège et au culte de saint Lambert – assassiné au XVIIe siècle – par le biais de gravures, d’aquarelles et de panneaux didactiques, le trésor de la cathédrale de Liège constitue le cœur de cette exposition répartie sur trois lieux. Le Musée des beaux-arts de Beaune accueille la majorité des pièces, l’Hôtel-Dieu présente l’impressionnant Buste de saint Lambert – le plus grand buste-reliquaire de l’époque gothique tardive conservé en Europe –, tandis que quelques joyaux s’immiscent dans le chœur de la collégiale Notre-Dame.
Aux deux cent cinquante pièces issues du trésor de Liège exposées pour la première fois en France, s’ajoute une cinquantaine d’objets provenant d’autres édifices européens (de Suisse, du Portugal, de Vienne en Autriche, de Canterbury, Cologne, Bruges, Lyon, Angers, Troyes…), pour élargir le propos et offrir au public une histoire plus complète du trésor d’église. Celui-ci existe en tant que tel dès le Moyen Âge, tandis que se développe le culte des saints. De grandes collections d’objets cultuels et de reliquaires commencent à se constituer, permettant à l’Église d’affirmer son pouvoir et d’entretenir la fascination des pèlerins. Sans oublier qu’en cas de crise économique, les objets de ces trésors pouvaient être fondus, vendus. De nombreuses pièces ont ainsi disparu de cette manière, sans compter les saisies révolutionnaires.
Organisée de manière chronologique, l’exposition dévoile les plus beaux exemples d’orfèvrerie – particulièrement raffinée du XIe au XIIIe siècle –, mais aussi des tableaux destinés à convaincre les fidèles, des sculptures, reliquaires (Reliquaire dit de Charles le Téméraire, en or, vermeil et émaux), étoffes et ornements précieux (Couronne reliquaire des saintes épines, XIIIe siècle). Le parcours met remarquablement en évidence la transformation au cours des siècles de la conception de l’idée de trésor comme de sa constitution. Au Moyen Âge, les arts précieux priment, les objets sont de petits chefs-d’œuvre de finesse. À la Renaissance, le trésor s’apparente davantage à une collection, dans l’esprit des cabinets de curiosités, avant que l’église au XIXe siècle ne privilégie l’accumulation d’objets, comme en témoigne une vitrine de pièces moins raffinées mais qui, présentées en nombre, se révèlent spectaculaires.

LES TRÉSORS DES CATHÉDRALES D’EUROPE. LIÈGE À BEAUNE

Jusqu’au 19 mars, Musée des beaux-arts, 6, bd Perpreuil, tél. 03 80 24 98 70, tlj 9h30-18h ; Hôtel-Dieu, rue de l’Hôtel-Dieu, tél. 03 80 24 45 00, tlj 9h30-18h30 ; et Collégiale Notre-Dame, place du Général-Leclerc, tlj 9h30-12h30 et 14h-17h30, 21200 Beaune. Catalogue éd. Somogy, 208 p., 30 euros, ISBN 2-85056-922-4.

TRÉSORS DES CATHÉDRALES

- Commissaire de l’exposition : Philippe Georges, conservateur du trésor de la cathédrale de Liège - Nombre d’œuvres : 300

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°227 du 16 décembre 2005, avec le titre suivant : Dans le secret des richesses d’églises

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