Photographie

Paris-4e

Dans le monde sensible de Viviane Sassen

Maison européenne de la photographie – Jusqu’au 11 février 2024

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 21 novembre 2023 - 344 mots

PARIS

Cohérence -  Dès les années 2000, Viviane Sassen s’est fait connaître par ses images singulières du corps et sa vision audacieuse de la mode.

Chez cette artiste néerlandaise, née à Amsterdam en 1972, photographies d’art, de mode ou intimes entretiennent des relations étroites à l’instar de celles de Man Ray, Frank Horvat ou Deborah Turbeville. L’une nourrit l’autre et inversement. La première rétrospective de son œuvre proposée en France par la Maison européenne de la photographie le rappelle dès le début. Les séries Flamboya (2004-2005), Parasomnia (2007-2011) et Umbra(2014) sont notamment imprégnées des souvenirs de son enfance passée, de deux à cinq ans, dans un village du Kenya où son père, médecin, exerçait dans un hôpital. Les couleurs flamboyantes, et le tranchant de la lumière et de l’ombre de ces « années de pensées magiques », comme elles les nomment, ont forgé son style, mais aussi une vision de l’Afrique différente de celle habituellement véhiculée. D’autres sources comme le surréalisme et d’autres événements qu’elle a vécus ont également influencé son travail. « Le suicide de mon père quand j’avais 22 ans a eu un impact important », souligne-t-elle. La métaphore est puissante, le mystère, le trouble, l’ambivalence entre vie et disparition ne le sont pas moins. Photographies, installations vidéo, photomontages ou collages à partir d’images de ses archives, avec ou sans intervention picturale, ou encore assemblages d’images de fragments de corps formant des sculptures murales monumentales : l’œuvre protéiforme de Viviane Sassen est d’une grande cohérence, que ce retour sur près de 30 années de création rend particulièrement perceptible depuis son travail de diplôme à l’École des beaux-arts d’Utrecht, aux Pays-Bas. Réalisée en étroite collaboration avec l’artiste, l’articulation particulièrement bien menée entre séries récentes et anciennes s’accompagne par ailleurs de documents divers : carnets de dessins, séries d’autoportraits, etc. En conclusion du parcours, la projection de ses photographies de mode de 2001 à 2023, sous la forme d’une installation immersive, exprime tout autant son art de la mise en espace, tandis que ses livres, placés régulièrement en libre consultation, rappellent les créations à part entière qu’ils constituent pour elle.

« Viviane Sassen. Phosphor: Art & Fashion 1990-2023 »,
Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, Paris-4e, www.mep-fr.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Dans le monde sensible de Viviane Sassen

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