Art moderne

Strasbourg (67)

Dans le labyrinthe de Marcelle Cahn

Musée d’art moderne et contemporain - Jusqu’au 31 juillet 2022

Par Alix Bancarel · L'ŒIL

Le 23 mai 2022 - 288 mots

N’essayez pas d’affilier Marcelle Cahn (1895-1981) à tel ou tel mouvement. Cela est impossible, tant l’œuvre de cette artiste énigmatique, « en quête d’espace » certes, mais surtout de liberté, est en perpétuel renouvellement.

Cette rétrospective, aussi déroutante que fascinante, dévoile enfin la richesse du don fait par l’artiste strasbourgeoise au musée, juste avant sa mort. Retraçant sa formation auprès de Fernand Léger et son assimilation du vocabulaire puriste d’Ozenfant, elle laisse entrapercevoir la trajectoire d’une carrière prometteuse toute tracée. Pourtant, ne cessant d’observer, d’apprendre et de tâtonner, Marcelle Cahn se livre à un éternel jeu de va-et-vient entre le réel et l’abstrait, entre une rigueur géométrique et une spontanéité lyrique, partagée entre l’effervescence des cercles artistiques de l’avant-garde parisienne et une profonde solitude. Maîtriser les contraintes de l’abstraction géométrique afin de mieux s’en détacher et d’en offrir une réinterprétation amusée, telle sera son credo. Comment s’opère alors le glissement des nus figuratifs à la pratique de collages délirants, proche de l’univers dada ? Une volonté commune d’animer la surface, de créer du mouvement et d’insérer l’art dans la vie de tous les jours guide ces recherches, comme le révèlent de nombreux documents d’archives. C’est également ce que suggèrent ses emblématiques « tableaux-reliefs », véritables labyrinthes à mi-chemin de la partition musicale et du plan architectural utopique. La musique dialogue en effet constamment avec l’espace, en témoigne la projection de ses poèmes dans ses dessins, évoquant volontiers le simultanéisme de Delaunay. Dans Le Vide (1977), dernière œuvre du parcours représentant une pastille de couleur rouge sur fond blanc, l’artiste atteint un équilibre idéal, faisant écho à son entente intellectuelle avec Jean Arp. De cette épuration maximale se dégage l’accomplissement du degré zéro de la création. Une récréation artistique dont on ressort allégé.

« Marcelle Cahn. En quête d’espace »,
Musée d’art moderne et contemporain, 1, place Hans-Jean-Harp, Strasbourg (67), www.musees.strasbourg.eu

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Dans le labyrinthe de Marcelle Cahn

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