Chez Kawamata

L'ŒIL

Le 1 juillet 1998 - 232 mots

On se souvient encore de la haute construction faite de chaises bâtie l’an dernier dans la chapelle de la Salpêtrière par le Japonais Tadashi Kawamata. On s’en souvient car cette sorte de tour de Babel circulaire de près de dix mètres, qui soulignait bien la forme de la coupole, était spectaculaire. Kawamata récidive. Avec autant d’économie de moyens et même, si l’on peut dire, de modestie, il investit la Synagogue de Delme, lieu régulièrement visité par les artistes – Bustamante, Emmanuel Saulnier, Jean-Pierre Bertrand, Buren – et qui se trouve à trente kilomètres de Metz. Kawamata reprend comme « module » la chaise, incarnation idéale de l’échelle humaine, de l’assise de l’homme comme de son instabilité, de sa situation transitoire. Cette chaise joue, dans cette nouvelle intervention, le rôle de passerelle, de liaison physique et symbolique  entre la ville et la campagne, entre Delme et Metz. La synagogue étant un lieu désormais abandonné, vidé de son activité cultuelle, l’accumulation des chaises usagées et donc abîmées y suggère l’idée de mémoire, restituant la vie dans un lieu déserté. Kawamata relie cette synagogue à l’Hôtel Saint-Livier, au centre de Metz, où il bâtit avec d’autres chaises un tunnel précaire devant le bâtiment, tunnel devenant un passage obligé. Une fois de plus l’art de Kawamata bouscule les notions d’intérieur et d’extérieur, et prône l’éphémère.

DELME, Synagogue de Delme et METZ, FRAC Lorraine, jusqu’au 31 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Chez Kawamata

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