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Chen Zhen ou l’exil intérieur

L'ŒIL

Le 1 décembre 2002 - 340 mots

Première rétrospective aux Etats-Unis du travail de Chen Zhen depuis sa mort, à Paris en décembre 2000, l’exposition que lui consacre l’Institut d’Art contemporain de Boston constitue un nécessaire et enthousiasmant hommage. Pour modeste qu’elle soit, avec une dizaine d’œuvres produites entre 1998 et 2000, cette rétrospective dévoile le caractère le plus intime et conflictuel de l’œuvre de Chen Zhen. Né à Shanghai en 1955, il s’est installé dès 1986 à Paris pour suivre les cours de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, mais a toujours cherché par la suite dans sa culture d’origine la matière première de son travail et la grammaire de son langage. Les conditions préalables à l’élaboration de son œuvre sont nées d’une perpétuelle migration ; non pas en un lieu précis, un refuge, mais dans l’inconfort d’un état transitoire, dans l’indéfini de l’espace qui sépare deux cultures antagonistes, dans une forme de syncrétisme plutôt que d’éclectisme, qu’il appelait lui même « transexpérience ». L’exposition s’ouvre sur l’une de ses pièces les plus connues, Jue Chang, une structure de chaises et de cadres de lits tendus de peaux pour former un instrument à percussion monumental avec lequel le spectateur est appelé à jouer. Quand bien même cette œuvre affiche une volonté de partage et d’interactivité, on peut également la voir, à l’aune de beaucoup d’autres de ces pièces, comme une manifestation de l’incommunicabilité, de la difficulté à dire sa maladie et à concilier deux cultures. Il y a également là quelque chose d’organique, comme dans ses petites architectures de bougies colorées, tels des abris précaires, ses dessins schématiques et complexes, ou encore le jardin zen encombré de sculptures monumentales qu’il projetait de réaliser à la fin de sa vie et dont est ici présentée une maquette, qui révèle une part impénétrable de fragilité, et de non-dit dans l’œuvre de Chen Zhen. Une autre rétrospective de son travail sera organisée en février par le centre d’art contemporain PS1, à New York.

BOSTON, Institute of Contemporary Art, 955 Boylston Street, tél. 00 (1) 617 266 5152, 18 septembre-31 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°542 du 1 décembre 2002, avec le titre suivant : Chen Zhen ou l’exil intérieur

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