Chefs-d’œuvre islamiques aux Émirats

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 14 septembre 2010 - 410 mots

ABOU DHABI - Pour qui a connu l’intégration des œuvres d’art au Bellagio à Las Vegas, une exposition organisée dans un contexte hôtelier peut laisser perplexe. Tel n’est pas le cas de la remarquable sélection de 500 œuvres issue de la collection d’art islamique de l’Iranien Nasser D. Khalili, présentée dans un espace de 1 300 m2 à l’hôtel Emirates Palace, à Abou Dhabi (Émirats arabes unis).

La qualité détonne par rapport à une série de barbouilles de peintres ibéro-américains présentées simultanément dans l’hôtel avec l’aval des autorités locales…
L’exposition Khalili embrasse le contexte à la fois religieux et séculier, couvrant toutes les disciplines de manière exhaustive. Mais elle séduit surtout par la splendeur des livres et miniatures. Difficile de ne pas s’attarder devant un coran indien riche en enluminures, datant de 1669-1670 et copié par la princesse Zinat al-Nisa, fille de l’empereur moghol Awrangzeb. Sans doute l’un des rares spécimens connus retranscrit par une femme ! La suite des chroniques du Jami’al-tawarikh, commandées par le dirigeant moghol Oljeytü à Rashid al-Din Fadlallah, forment le clou de l’exposition. S’y mêlent des influences multiples, depuis les élongations propres à l’art byzantin jusqu’aux ornements chinois. Une page représentant Jonas et la baleine semble tournoyer dans un jeu de volutes, l’homme et l’animal épousant de tout leur corps les méandres des vagues. Un même parallèle s’établit entre les drapés du vêtement, taillé de manière presque minérale, et les rochers sur lequel gît Moïse mort sur le mont Nébo. Le parcours des miniatures finit en beauté avec quelques planches du célèbre manuscrit du Shâh Nâmeh réalisé pour Shah Tahmâsp. Pour la petite histoire, ce document avait été démantelé par le marchand Houghton, puis échangé dans sa version incomplète avec l’État iranien contre un tableau de Willem De Kooning en 1994.

Si la scénographie est opportunément discrète et la qualité des œuvres, irréprochable, on peut toutefois tiquer devant la présence d’inutiles pièces tardives. Pourquoi montrer un coffret datant de 1897, réinterprétant le style Mamelouk, en face de superbes poignées de portes en forme de dragon venant de Mésopotamie et datant du XIIIe siècle ? Quoi qu’il en soit, cette exposition, qui en trois semaines avait déjà capté 30 000 visiteurs « gratuits », relève d’un processus pédagogique que les autorités d’Abou Dhabi ont initié en prévision des futurs musées de l’île de Saadiyat.

« Les arts de l’Islam : trésors de la Collection Nasser D. Khalili », Hôtel Emirates Palace, Abou Dhabi. Jusqu’au 22 avril.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : Chefs-d’œuvre islamiques aux Émirats

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