Château

Chambord retrouve ses marques

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 4 décembre 2007 - 414 mots

Le château de Chambord, l’un des plus célèbres châteaux de la Loire, s’offre un regard ironique et fouillé sur son histoire à travers des centaines de versions de son nom toujours libre de droits.

Depuis les débuts de sa construction en 1519 sur ordre de François Ier, le château de Chambord n’aura cessé d’attiser les curiosités, les fantasmes et les petites histoires, à défaut d’avoir laissé une empreinte dans la chronologie politique du pays. En effet, aucune bataille n’est venue émailler la vie de cette résidence d’agrément, écrin de chasses royales et de fêtes somptueuses depuis sa création. Les occupants ont toujours été rares et passagers, faisant de cet édifice imposant une « simple » coquille, un décor au milieu de 5 500 hectares de forêts giboyeuses.
Mais depuis l’été dernier, le château s’est garni et a rempli certaines de ses salles de centaines d’objets estampillés « Chambord ».

Objets made in...
L’idée a germé dans la tête d’un conférencier, il y a de cela trois ans : monter une exposition à partir de tous ces objets qui ont emprunté son nom au célèbre monument, examiner à la loupe l’évolution de l’image de Chambord, de son iconographie, analyser l’évolution de son interprétation tant sur le plan du marketing que sur celui du tourisme.
La plupart des objets ont été achetés sur le site internet d’eBay, nom de code : Chambord. Le joyau de ces trouvailles accueille d’ailleurs les visiteurs dans la cour d’honneur : une Simca Vedette Chambord bicolore rouge et blanc bien à l’abri sous une bulle de plastique transparent rappelant la forme des fameuses boules à neige. Clin d’œil amusé au merchandising touristique inhérent à de tels sites !

Autodérision
Une fois ces trésors rassemblés, Valérie Perlès, ethnologue, s’est vu confier l’étude et la mise en œuvre raisonnée de l’exposition, épaulée par l’équipe de Scénorama, afin de concevoir une visite de cette collection très second degré. Ils n’ont pas hésité à saturer les salles, jouant d’accumulations pour une lecture pop des stéréotypes de cette icône, tout en orchestrant certains petits cabinets de consultation plus intimes.
Entre hommage et profanation, l’exposition est à l’image de l’utilisation mercantile de ce symbole de la France et du bon goût éclairé qu’est devenu Chambord. L’exposition regorge avec un plaisir non dissimulé de ces anachronismes dans une ambiance parfois un peu surjouée mais franchement facétieuse. Reste à savoir aujourd’hui ce que la collection deviendra en mai prochain. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle devienne l’un des joyaux permanents du château.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Chambord retrouve ses marques

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