Chalon-sur-Saône pour une autre histoire de la photo

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 janvier 2009 - 355 mots

Le musée Nicephore Niépce à Chalon-sur-Saône n’est pas un musée de photographie ordinaire.

Là où les autres misent sur l’histoire officielle du médium, lui défend les histoires, grandes et petites, de toutes les photographies. François Cheval, son conservateur, le qualifie d’ailleurs de musée « du photographique » bien plus que de « la photographie ».
Et pour cause, il collectionne tout, de l’héliogravure au numérique dernier cri, du porte-clefs à la tablette de chocolat imprimés, et tout le monde : les primitifs, Niépce, Rejlander, Bayard, et les autres, Giacomelli, Moulène, Beard, y compris les anonymes, à travers albums de voyage , de famille ou de bizarreries.
Ainsi, la visite de ce lieu atypique alterne les surprises, comme la « photographie parlante », invention d’un cliché sur disque microsillon d’un dénommé Roland Gallois en 1955, et l’histoire traditionnelle du procédé inventé par Niépce à Chalon-sur-Saône (procédé expliqué au cours de la visite par un film enfin pédagogique) à travers une collection d’appareils antédiluviens : le daguerréotype, le calotype, etc.
Le cycle d’expositions temporaires est tout aussi ambitieux. Le 21 février 2009 seront à l’affiche « Saul Leiter » et « Le peuple, la rue et le photographe », prémices d’une histoire de la photographie de rue, des foires et des fêtes foraines. Les deux dernières, « Nein Onkel » et « Jacob Holdt » (jusqu’au 1er février), sont d’ailleurs remarquables. Si la seconde révèle le point de vue original d’un jeune Danois sur l’Amérique des années 1970, la première montre un pan occulté – car délicat – de l’histoire de la photo : les clichés pris pendant la guerre par des soldats et des SS allemands. « Des photos de bidasses », résume François Cheval, qui a toutefois pris le parti de présenter cette collection privée par le truchement d’un film et sans accrochage afin d’éviter toute sacralisation. Là est une autre des missions du musée Niépce : réfléchir sur le statut des images.

A voir

« Saul Leiter » et « Le peuple, la rue et le photographe », musée Nicephore Niépce, 28, quai des Messageries, Chalon-sur-Saône (71), www.museeniepce.com, du 21 février au 31 mai 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Chalon-sur-Saône pour une autre histoire de la photo

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque