Paris

C’était (un peu) les années 1980

Centre Pompidou, Galerie de photographies jusqu’au 23 mai 2016

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 19 avril 2016 - 332 mots

Pour ceux qui les ont connues et qui en gardent un souvenir encore très vif, il n’est pas sûr que l’exposition du Centre Pompidou les satisfasse vraiment.

Ils risquent d’en sortir quelque peu frustrés, tant ces années 1980 ont été vécues par eux avec intensité, passion, voire aveuglement. Au vu de ce qui est montré, les autres s’interrogeront sans doute sur le pourquoi de cette « insoutenable légèreté » et risquent de ne pas bien comprendre ce qui qualifie ainsi les années 1980. Il est vrai pourtant qu’elles furent « hétérogènes, insaisissables, douloureuses, fantasques », et même « contrastées et paradoxales », comme l’annonce la note d’intention affichée dès le début de l’exposition. Plus consacrée à la photographie qu’au film (trop peu montré ici), celle-ci ne manque toutefois pas d’intérêt dans ce qu’elle remémore d’inventions plastiques, notamment au rapport de ce qui s’est appelé « image fabriquée » avant que l’on ne parle de « photographie plasticienne » (cf. Tom Drahos, Boyd Webb, Joachim Mogarra, Clegg & Guttmann, Pierre & Gilles…). Aussi peut-on regretter qu’aucune allusion ne soit faite à l’exposition qu’avait organisée Michel Nuridsany en 1980 à l’Arc, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, intitulée « Ils se disent peintres, ils se disent photographes ». Tout y était pourtant en germe de ce que la photographie a connu de développements dans ces années 1980. Héroïne sans cesse célébrée depuis qu’elle est passée à l’histoire – rappelons-nous l’exposition « Nos années 80 », organisée par la Fondation Cartier dès la fin de celles-ci –, cette décennie n’a pas encore trouvé de nouvelle rivale. Il faut bien dire qu’elle a charrié tout un monde de possibles et qu’elle a été à l’origine du déferlement de l’art contemporain que l’on connaît aujourd’hui. Il était donc juste de lui rendre encore une fois hommage, ne serait-ce que pour faire entendre à la génération suivante qu’il serait grand temps qu’elle s’invente elle aussi. Non point nostalgie ni modèle, donc, mais un exemple stimulant. 

« Les années 80, l’insoutenable légèreté. Photo, film »

Centre Pompidou, Galerie de photographies, Paris-3e, www.centrepompidou.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : C’était (un peu) les années 1980

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