Cartier libre à Sienne

La collection de la Fondation au Palazzo delle Papesse

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2000 - 572 mots

Après Barcelone et Lisbonne, la collection de la Fondation Cartier continue sa tournée dans les pays de l’Europe du Sud, en étant présentée au Palazzo delle Papesse, à Sienne. Le centre d’art accueille la fine fleur de ce fonds dans un accrochage qui fait davantage penser à celui d’un musée qu’à une exposition de groupe.

SIENNE - L’entrée de l’exposition est toute entière réservée à Alain Séchas. Le visiteur est accueilli par une étrange figure extraterrestre blanche, la Grosse tête (1986), tandis qu’une salle adjacente réunit les Papas (1995), une série de squelettes placés devant des toiles sur des chevalets, toiles sur lesquelles apparaissent les portraits en pied de leurs “papas”. Après la pièce d’Hubert Duprat en os clouté, À la fois, la racine et le fruit (1997-1999), Hugh, le chat guitariste (1997), toujours de Séchas, a été installé sur le palier de l’escalier menant au premier étage de cette ancienne banque, donnant une place de choix à cet artiste qui a peu exposé jusqu’à présent en Italie. Le parti pris de l’exposition, la sélection des œuvres et l’accrochage ont été en grande partie le fait du directeur de l’institution italienne, Sergio Risaliti, selon le principe mis en place pour la circulation des œuvres de la Fondation. Cette dernière met à disposition ses neuf cents œuvres de deux cent cinquante artistes, mais ne participe pas au financement des opérations, exclusivement prises en charge par les lieux d’accueil.
Pour Hervé Chandès, conservateur de la collection, cette diffusion à l’étranger est importante, à la fois pour les artistes et pour la Fondation, même si “notre rôle n’est pas d’être un musée. Nos achats et nos commandes sont liés au format d’un lieu, notre espace du boulevard Raspail. Nous n’avons pas non plus arrêté l’achat de pièces monumentales, à l’exemple de celles de Panamarenko, de James Lee Byars ou de Jean-Pierre Raynaud”. Disposant d’un budget d’acquisition annuel d’environ trois millions de francs, la Fondation évite les ventes aux enchères, parce que “nous sortirions de notre fonction de mécénat, même si nous n’avons pas d’inhibition”, estime le directeur. Les achats sont toutefois souvent liés à des expositions, ainsi qu’en témoignent les objets de Beaurin Domercq ou l’ensemble d’œuvres de Matthew Barney présentés à Sienne.

Le choix des pièces marque la volonté d’offrir un vaste panorama de la création contemporaine internationale, avec Bill Viola, Wolfgang Tillmans, Hiroshi Sugimoto, Mario Merz, Wolfgang Laib, Raymond Hains, Thomas Demand ou Christian Boltanski. Deux salles ont été réservées aux peintures de Bernard Piffaretti, Peter Halley, Udomsak Krisanamis, Shirley Jaffe et  Sam Francis. Sont également montrées en exclusivité quelques-unes des dernières acquisitions de la Fondation, comme la série de photographies de l’Espagnol Virxilio Vieitez ou une œuvre de David Hammons, un assemblage de masques africains nous renvoyant notre propre image. Éclectique, l’exposition réserve quelques rencontres étonnantes, telles les photographies de Thomas Ruff face à la grande maquette – d’ailleurs ici un peu à l’étroit – du Projet du Kinshasa du troisième millénaire de Bodys Isek Kingelez. Le directeur du Palazzo delle Papesse n’a pas non plus résisté à la présentation du diaporama de quarante-trois minutes The Ballad of Sexual Dependency, la pièce maîtresse de Nan Goldin.

En parallèle, le centre d’art italien propose l’exposition “Contrappunti”, qui réunit des travaux d’Alberto Burri, Francis Bacon et Joseph Beuys.

- COLLEZIONISMI, LA COLLECTION CARTIER POUR L’ART CONTEMPORAIN, jusqu’au 5 mars, Palazzo delle Papesse, via di Città 126, 53100 Sienne, tél. 39 0577 47920, tlj 12h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°97 du 21 janvier 2000, avec le titre suivant : Cartier libre à Sienne

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