Carla Accardi, la « prima donna » de l’art abstrait italien

On célèbre le centenaire de la naissance et les dix ans de la disparition d’une des artistes les plus importantes de la seconde moitié du XXe siècle.
Née à Trapani en Sicile, elle s’installe définitivement à Rome en 1946. Malgré les difficultés de l’après-guerre, cette époque connaît un intense bouillonnement intellectuel dans la capitale italienne. Carla Accardi y joue un rôle déterminant dans un univers artistique presque exclusivement masculin. C’est en effet la seule femme du groupe Forma 1 réunissant Piero Dorazio, Achille Perilli, Pietro Consagra, Giulio Turcato, Mino Guerrini, Ugo Attardi et son futur mari Antonio Sanfilippo. Actif entre 1947 et 1951, le groupe prône la réconciliation entre formalisme et marxisme en se proclamant progressiste, révolutionnaire et avant-gardiste.

Plus d’une centaine d’œuvres de Carla Accardi sont rassemblées retraçant de manière chronologique son parcours et ses évolutions. De l’abstraction à l’informel, de la peinture-ambiance à une forme d’art dématérialisé en allant jusqu’à la réaffirmation de la joie de vivre dans ses toiles des années 1980, ainsi que dans les grands diptyques et triptyques au tournant des années 2000.

L’exposition est le fruit de la collaboration avec les Archives Accardi-Sanfilippo et elle est soutenue par la Fondation Silvano Toti. Elle a permis l’étude la plus approfondie jamais menée sur l’art de Carla Accardi, réalisée par les commissaires Daniela Lancioni et Paola Bonani.

Le succès d’Accardi n’est pas que d’estime puisqu’elle est désormais mieux cotée sur le marché que son ancien mari Sanfilippo. Trois facteurs expliquent ce succès selon Daniela Lancioni et Paola Bonani : la grande qualité de ses œuvres, la quantité toujours contrôlée de leur présence sur le marché grâce à la politique habile des galeries et des musées, et enfin l’intérêt de ces dernières années pour sa figure d’artiste féministe.