Capc : place à la collection

Les artistes français en première ligne

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 484 mots

Pour la première fois, le capcMusée d’art contemporain de Bordeaux présente sa collection dans l’ensemble de ses espaces. Ce lieu phare pour l’organisation des grandes expositions d’artistes internationaux dévoile un ensemble patrimonial qui fait, étonnamment, la part belle à l’art français.

BORDEAUX - En pénétrant dans la majestueuse nef de l’Entrepôt qui abrite le capcMusée d’art contemporain, le visiteur de l’exposition "Collection, découverte" remarque un ensemble exceptionnel de six triptyques de Gilbert & George – montrant les deux artistes dans une campagne anglaise verdoyante – mis en dépôt par les Britanniques après leur exposition de 1990. La nef accueille également des œuvres importantes de Kounellis, Sol Lewitt, Richard Long et Mario Merz (Che Fare), qui témoignent, certes, des grandes expositions organisées à Bordeaux mais sont paradoxalement assez peu représentatives de la collection du Capc, très largement tournée vers l’art français. Avant cette exposition, il était assez difficile de se faire une idée des œuvres qui dormaient dans les réserves, tant Jean-Louis Froment, directeur du Capc pendant plus de vingt ans, en avait gardé le contenu secret. Tout juste avait-on pu voir, au cours des dernières années, quelques fragments d’un ensemble qui n’avait jamais fait l’objet d’une présentation exhaustive. En prenant leurs fonctions au musée, le directeur Henry-Claude Cousseau et le conservateur Marie-Laure Bernadac présentent un état des lieux qui constitue implicitement un hommage au travail accompli à Bordeaux depuis 1973.

Pourtant, de nombreux artistes exposés au Capc sont absents de la collection, à l’image de Baselitz, Twombly, Kieffer, Artschwager, Baldessari ou Schnabel. Le lieu avait en effet, à l’étranger, une réputation de "musée riche", ce qui n’était pas de nature à susciter de la part des galeries des conditions avantageuses d’acquisition. Le budget n’était pas énorme en réalité, environ 1,6 millions de francs par an, puisque l’aspect patrimonial ne constituait pas une priorité pour l’ancienne direction. Ce n’est qu’en 1984, lorsque le Capc est officiellement devenu musée, que s’est réellement posée la question de la collection, qui est passée en dix ans de cent vingt pièces à plus de cinq cents.

Aussi, dans un ensemble constitué au gré des dons d’artistes, des expositions et des moyens disponibles, la peinture française apparaît-elle ici étonnamment bien représentée, d’Hantaï, Viallat, Piffaretti, Reynier et Martin à la Figuration libre, avec Combas, Boisrond et Di Rosa. Les artistes hexagonaux de la fin des années quatre-vingt à nos jours en sont également l’un des points forts, avec Philippe Thomas, Anne-Marie Jugnet, Richard Baquié, Absalon, Pascal Convert, Didier Marcel ou Fabrice Hybert. Certes, les manques sont flagrants, mais une politique rigoureuse de dépôts d’œuvres du Musée national d’art moderne et du Fnac devrait permettre à cette collection, destinée à une présentation permanente, d’offrir un riche panorama de l’art contemporain depuis le début des années soixante-dix.

COLLECTION, DÉCOUVERTE, jusqu’au 31 mai, capcMusée d’art contemporain, Entrepôt, 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 00 81 50, tlj sauf mardi 12h-18h, mercredi 12h-22h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Capc : place à la collection

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