Calzolari

Natures vivantes

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 23 janvier 2009 - 378 mots

Chez Calzolari, ça se transforme, ça se déplace, ça remue doucement, ça souffle dans les branches et bien souvent ça givre.

Un petit train affublé d’une plume légère passe et repasse devant une toile brute, une bouteille de cuivre grelotte sur un dispositif frigorifique. À Saint-Paul-de-Vence, l’artiste italien actualise son jeu feutré mais tumultueux des métamorphoses. La petite exposition organisée dans la grande salle de la fondation Maeght et ponctuellement prolongée dans les collections permanentes réunit quelques éléments de cette grammaire raffinée et impeccablement tendue, menée par Calzolari depuis plus de quarante ans   : quelque chose comme l’alchimie ordonnée de formes simples – sphères, lignes, arcs, plans – et de matériaux transitionnels – cuivre roux, plomb anthracite, sel laiteux ou cuir sombre. Ici, un haut paravent de bois calciné masquant une plante verte qu’anime doucement une petite poulie motorisée. Là, une spectaculaire vague verticale de feutre noir, figée dans son mouvement et criblée de lanières de cuir.
Si le vocabulaire de souche conceptuelle mis en place par Calzolari au milieu des années 1960 longe la doxa d’Arte Povera, la route tracée joue d’abord une partition sculpturale du vivant. Au programme   : mettre en relation objets et matériaux bruts essorés jusqu’à l’os pour orchestrer des rencontres essentielles et sensibles. « Ce qui m’intéresse, c’est d’accepter les matériaux avec une certaine démocratie », explique Calzolari. La lecture se fait alors par associations, liens discontinus, de l’objet au minéral, du minéral à l’organique, de l’organique à la machine.
Chaque sculpture, d’une unité ferme et limpide, multiplie dans le même temps petites mythologies et apartés   : dialogue entre les matériaux et les objets, dialogue du matériau avec ses propres métamorphoses, avec l’espace, le lieu, le spectateur, dialogues avec l’histoire de l’art, comme cette nature morte opaline et picturale, associant œuf sur table devant tableau monochrome laiteux à la tempera grasse. Ou ces tableaux couverts de poudre de sel, traversés de quelques signes élémentaires réalisés en bois charbonneux. Mise en scène du geste de l’artiste, confrontations de substances et de temporalités différentes, le jeu d’influences prend des accents métaphysiques, jouant – non sans céder quelques inflexions décoratives – le passage du temps.

A voir

« Pier Paolo Calzolari : nouvelles saisons de l’art vivant », fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence (06), www.fondation-maeght.com, jusqu’au 22 mars 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : Calzolari

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