Belgique - Photographie

Coup de cœur

À Bruxelles, un festival de photos "brutes"

Le Botanique et la Centrale, Bruxelles (Belgique) – jusqu’au 19 mars 2023

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 3 janvier 2023 - 452 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Art Brut -  Bruno Decharme est collectionneur. Depuis près de quarante ans, celui-ci acquiert des œuvres d’Art brut, dont plus de 900 ont rejoint la collection du Centre Pompidou en 2021 par donation (peintures, sculptures, dessins, etc.) sans faire, dit-il, de distinction entre tous ces médiums.

Parmi ces œuvres – n’en déplaise à Jean Dubuffet, le théoricien de l’Art brut –, la collection comprend un grand nombre de photographies ou d’œuvres réalisées à partir de photographies (photomontages, collages, etc.), dont une grande partie avait été présentée dans l’exposition « Photo | Brut » aux Rencontres d’Arles en 2019. Cette exposition est aujourd’hui reprise, dans une version plus légère, à la Centrale for Contemporary Art à Bruxelles, soit près de 200 photographies réalisées par des désormais grands noms de l’Art brut (Miroslav Tichý, Marcel Bascoulard, Tomasz Machciński, etc.), comme des « auteurs » moins célèbres (Walla ou Ademeit), voire anonymes. Soucieux d’accorder aux œuvres brutes le même statut que celui de l’art, la Centrale a, cette fois, monté des cimaises pour organiser un parcours au sein de l’ancienne centrale électrique de Bruxelles reconvertie en centre d’art. Les œuvres y sont classées par artistes, dans un accrochage en tout point irréprochable qui conduit le visiteur jusqu’à Margret, chronique – une installation ! – d’une rare puissance qui documente la vie amoureuse entre un certain Günter K. (39 ans) et sa secrétaire Margret S. (24 ans). Le parcours se prolonge ailleurs, au Botanique, à 20 minutes à pied de la Centrale. Là est présentée une nouvelle sélection des acquisitions récentes de Bruno Decharme avec la complicité d’Anne-Françoise Rouche, la fondatrice de la S Grand Atelier, lieu d’émancipation pour artistes en marge, à Vielsalm. Si la Centrale se concentre sur le médium exclusivement photographique et le noir et blanc, le Botanique fait la part belle à la couleur et aux créations plastiques pluridisciplinaires qui incluent l’image, à l’instar des valises historiées de Jorge Alberto Hernández Cadi et des emballages « nouveaux réalistiques » de Rita Arimont. Parmi les découvertes, Dominique Théate rehausse d’un style parfois picassien des photographies sur lesquelles cet ancien étudiant aux Beaux-Arts, gravement accidenté, projette sa vie rêvée. Non loin de lui, une série de six cartes postales érotiques soulignées à la mine de plomb par un anonyme montre un style plus proche de Botero mais tout aussi émouvant. Le visiteur ne doit pas manquer de poursuivre son chemin jusqu’au Musée Art et Marges, à Bruxelles, qui présente une exposition inscrite, elle-aussi, dans la programmation de « Photo | Brut » : « Jean Marie Massou (1950-2020) », artiste hors norme, qui sculptait de gigantesques pierres dans d’interminables galeries creusées dans son jardin dans le Lot, assemblait les photographies de magazines, enregistrait ses histoires sur cassettes audio… Un vrai festival d’Art brut à Bruxelles.

centrale.brussels, botanique.be et artetmarges.be

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : À Bruxelles, un festival de photos "brutes"

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