Bruxelles - À la recherche d’une Afrique disparue

Une sélection de 250 chefs-d’œuvre

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 447 mots

En lisière de Bruxelles, le Musée royal de l’Afrique centrale conservait, sans jamais les montrer, des trésors qui sortiront de leur cave pour une présentation exceptionnelle à partir du 11 mai. Descente dans le musée d’art africain le plus riche du monde.

BRUXELLES (de notre correspondant) - Le visiteur qui pénètre l’austère bâtiment construit par Charles Giraud – l’auteur du Petit Palais à Paris – a l’impression étrange de remonter le temps et de se retrouver à l’époque des colonies, face à un monde énigmatique et envoûtant, mais définitivement soumis à la "conquista" européenne. Tout, jusqu’à la muséologie, semble avoir résisté au travail des ans. Il n’est pas jusqu’au projet même du musée qui appartienne à ce passé aujourd’hui lointain qui faisait que le Congo était belge.
 
Né en 1898 du rêve colonial de Léopold II, le Musée royal de l’Afrique centrale témoigne d’un désir de mieux faire connaître la région. Il s’agissait surtout de légitimer la politique personnelle du souverain. Le musée ainsi constitué ne s’est pas limité aux arts et à la culture. En exposant le monde animal, végétal ainsi que les minerais ou les ressources naturelles, il s’agissait de rendre compte d’un continent dans sa diversité même.

La recherche scientifique y occupera un rôle central : ethnomusicologie, linguistique, ethnologique, zoologie, botanique et anthropologie s’unissent dans l’étude de l’Afrique centrale, de la préhistoire à aujourd’hui. Très vite, le musée de Tervueren s’est imposé comme un pôle de recherche international.

La mainmise coloniale aidant, le musée a vu ses collections s’agrandir à un tel rythme qu’on dénombre aujourd’hui quelque 250 000 objets, conservés dans des conditions qui furent longtemps précaires. Seules 800 pièces sont exposées en permanence dans les vitrines du musée. Cette collection unique, tant par sa diversité que par son ancienneté, n’est pas privée de sa mémoire comme cela est si souvent le cas pour l’art africain.

Les archives de l’institution permettent d’en restituer l’historique et de replacer chaque pièce dans son contexte propre. Souvent remis en question dans son principe même, le musée se devait de présenter au public un aperçu global de ses collections. Ce sera fait à partir du 11 mai avec une présentation de 250 chefs-d’œuvre sélectionnés sur des bases esthétiques partiellement détachées du monde africain en soi – ce qui renverra nombre de visiteurs vers l’art contemporain, si attentif à la force d’expression de l’art africain – et sur des bases ethnographiques que le catalogue aura pour tâche de révéler en remettant chaque pièce en situation.

"Trésors cachés", Musée royal de l’Afrique centrale, 13 chaussée de Louvain, 3080 Tervueren (tél. 2 769 52 11). Du 11 mai au 26 novembre, de 9h à 17h30. Entrée : 200 FB.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Bruxelles - À la recherche d’une Afrique disparue

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