Renaissance

Palazzo Strozzi, Florence Jusqu’au 23 janvier 2011

Bronzino, héraut de la maniera

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 15 novembre 2010 - 328 mots

Il est florentin, éminemment. À part quelques voyages vers Urbino et Rome, c’est à Florence que Bronzino – de son vrai nom Angelo di Cosimo (1503-1572) – naît, travaille et meurt.

La société toscane est devenue seigneuriale, les manières se sont affinées, la maniera fixe les canons de la peinture de cour. Il s’en fait le héraut et l’idéalise à l’extrême pour l’élite du duché. 
Plus encore que dans les tableaux religieux et les tapisseries où la méticulosité atteint parfois la préciosité, sa maîtrise absolue des couleurs et des lignes le fait triompher dans les portraits. Si les artifices ont chassé le naturel, la beauté du parti pris esthétique et le luxe des détails qui entourent ces visages leur donnent une présence  supérieure, abolissant la durée elle-même, qui servira longtemps de modèle au discours pictural européen. 

La série est impressionnante pour sa virtuosité et son élégance formelle. Les cuirasses brillent des mêmes reflets que les satins des robes. À l’impassibilité des regards, à l’absence d’émotions visibles, s’opposent comme un contrepoids nécessaire le raffinement des poses, l’éclat des bijoux, les livres entre les mains. Éléonore de Tolède, Lucrezia Panciatichi, la jeune Bia, Lorenzo Lenzi, les noms connus à côté des anonymes sont traités par un pinceau qui à la fois aime et sculpte. Chacun s’expose, intègre le cortège, défie l’usure du temps et des jugements. 

Pour Vasari, il était « l’ineffable », mais longtemps la critique laissa Bronzino quelque peu en marge des grands maîtres, il n’y eut à son encontre « ni attaque ni défense ». Première grande rétrospective depuis bien longtemps, l’exposition compte soixante-trois œuvres de Bronzino encadrées par quelques tableaux de son maître Pontormo et de son élève Allori. Les salles du palais de Michelozzo invitent à une découverte complète de cet artiste qui fut aussi un poète subtil, comme en témoignent ses sonnets.

Voir

« Bronzino, artiste et poète à la cour des Médicis », Palazzo Strozzi, Piazza Strozzi, Florence (Italie), www.palazzostrozzi.org, jusqu’au 23 janvier.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : Bronzino, héraut de la maniera

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