Quatre questions à Boris Achour

Boris Achour : « Aujourd’hui j’ai envie de faire des choses drôles »

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2000 - 515 mots

Pour son exposition Chez Valentin, Boris Achour (né en 1966) a décidé de transformer la galerie en studio de tournage. Il nous explique son projet.

Pourquoi avez-vous intitulé votre exposition “Générique” ?
C’est un mot qui a de nombreux sens, du générique de film jusqu’à l’idée de générer quelque chose. Plus loin, nous rejoignons aussi l’idée des médicaments génériques qui ont les mêmes effets que les autres tout en coûtant moins cher. Ici, mon projet est à l’échelle presque 1, un rapport qui est pour moi important. L’Auto-stoppeur était déjà à l’échelle 1, pour que le spectateur se pose la question de la réalité ou de l’image.

Votre exposition ne se réduit pas à un simple accrochage.
Je ne me voyais pas simplement mettre des œuvres sur les murs. Je produis des photographies, des objets, des sculptures, mais un simple accrochage me paraissait en contradiction avec ce qui m’intéresse actuellement. Mon implication dans le collectif “Public” m’a apporté une nouvelle réflexion sur mon propre travail, sur le lieu en tant qu’outil de production. L’exposition n’est plus une fin en soi, mais un moyen de faire les choses. Quand on est invité à exposer, on dispose d’un grand espace pendant un temps donné. J’ai décidé d’utiliser le temps et l’espace de l’exposition pour réaliser un nouveau travail, en transformant ce lieu en deux studios de tournage.

Comment vos œuvres vont-elles s’intégrer dans ces deux “décors” ?
Elles seront accrochées au mur du salon dans un rapport à la décoration. Dans le bureau, je vais mettre des posters avec les empreintes de main en négatif, à l’exemple de posters de chatons que l’on pourrait retrouver dans un bureau d’une administration. Viendront encore s’ajouter sept photographies de Sommes, un Stoppeur sous Plexiglas et une nouvelle vidéo, Zooming, diffusée sur la télévision du salon. Cette présentation risque d’accentuer le côté décoratif du travail, mais cela ne m’ennuie pas du tout. Je l’assume et l’assimile complètement. Ce décor n’est pas une installation, un peu à l’image de la veste brodée pour la série de photographies les Femmes riches sont belles : ce n’est pas une pièce, mais un accessoire. Ce salon, je veux qu’il sente le décor. Il ne se veut pas du tout convivial.

Comment les tournages vont-ils s’organiser ?
Je ne tournerai pas tous les jours, mais au moins deux à trois fois par semaine, sûrement le mercredi et le samedi. Les acteurs ne sont pas des professionnels. Tous les dialogues sont préenregistrés sur des bandes audio et les comédiens ont une petite oreillette de Walkman qui leur permet de répéter ce qu’ils entendent. Ce projet est lié au langage, parce que l’idée principale est celle du ventriloque. J’ai écrit des sketches et aussi emprunté des dialogues à la Maman et la putain d’Eustache, à des rêves, à la publicité, à la radio… Il s’agit d’introduire le narratif, mais en le prenant par le milieu. “Générique” est une expérimentation. Aujourd’hui, j’ai envie de faire des choses drôles.

- BORIS ACHOUR, GÉNÉRIQUE, jusqu’au 27 mai, Galerie Chez Valentin, 9 rue Saint-Gilles, 75003 Paris, tél. 01 48 87 42 55.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°104 du 28 avril 2000, avec le titre suivant : Boris Achour : « Aujourd’hui j’ai envie de faire des choses drôles »

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