Böcklin l’inspirateur

De Chirico et Ernst retrouvent le Suisse à Zurich

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 7 novembre 1997 - 330 mots

Giorgio de Chirico et Max Ernst ont toujours ouvertement cité leurs références et leurs influences. Une place particulière y revient au Suisse Arnold Böcklin, qu’ils admiraient pour sa technique et la profondeur de sa thématique. L’exposition de Zurich réunit les trois peintres dans une confrontation Symbolisme-Métaphysique-Surréalisme.

ZURICH. Plus de cent vingt ans séparent les premières œuvres d’Arnold Böcklin des derniers tableaux de Giorgio de Chirico et de Max Ernst, du milieu du XIXe siècle à la fin des années soixante. Pourtant, du Roman­tisme au Surréalisme, en passant par le Symbolisme, ces trois artistes ont développé une création relativement proche dans l’esprit, invitant le spectateur à un voyage intérieur, à une introspection, à une exploration de l’inconscient chère à Sigmund Freud ou C. G. Jung. À travers plus de deux cent trente toiles, la Kunsthaus de Zurich propose des rapprochements inédits entre les trois œuvres, montrant en particulier l’influence qu’a exercée le Suisse sur les deux autres peintres. Ainsi, l’on retrouve exactement la même silhouette d’Ulysse dans Ulysse et Calypso (1883) d’Arnold Böcklin et l’Énigme des oracles (1909) de Giorgio de Chirico. Les poissons fabuleux du Suisse, qui assistent à une prédication de Saint Antoine (1892), se métamorphosent en hareng métaphysique chez Chirico (Les saints poissons, 1919) et en poisson volant dans un collage de Max Ernst (…ici tout est encore dans l’incertitude, 1920), qui déclare fréquenter régulièrement les Bains mystérieux. D’autres analogies formelles sont ainsi dévoilées au fil du parcours de l’exposition, construit – et c’est peut-être regrettable – sur le principe d’une succession de salles monographiques. Parallèlement à ces influences formelles, les deux artistes modernes n’ont jamais caché leur dette intellectuelle envers le peintre symboliste. Dans son apologie publiée en 1920, La réunion/le rendez-vous ?, Giorgio de Chirico définit Böcklin comme “classique dans le sens le plus pur du terme”.

BÖCKLIN-DE CHIRICO-ERNST, jusqu’au 18 janvier 1998, Kunsthaus, Heimplatz 1, Zurich, tél. 41 1 251 67 76, tlj 10h-21h, vend., sam. et dim. 10h-17h. Catalogue 464 p., env. 220 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°47 du 7 novembre 1997, avec le titre suivant : Böcklin l’inspirateur

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