Bilbao expose neuf siècles d’art russe

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 388 mots

Pari ambitieux au titre non équivoque que celui du musée Guggenheim de Bilbao : exposer neuf cent ans d’art russe­­­­­ ! Déjà montrée avec succès au Guggenheim de New York, cette exposition est présentée de façon chronologique dans des salles qui facilitent la lecture des trois cents œuvres s’échelonnant du xiiie siècle à aujourd’hui. On y voit évidemment une majorité de créateurs russes, mais aussi les artistes européens qui étaient collectionnés par Pierre le Grand et Catherine
la Grande ou plus récemment par des commerçants richissimes. Ces amateurs ont permis à leurs compatriotes d’admirer Rubens, Van Dyck, Chardin puis… Cézanne, Derain, Matisse et Picasso.
Le visiteur est littéralement ébloui par le mur d’icônes de la première salle, cette dernière étant éclairée par une lumière sacralisée qui plongerait n’importe quel mécréant en adoration ! Ces panneaux reconstituent l’iconostase du monastère de Saint-Cyrille de Berlocec. De rares icônes des peintres Andreï Roublev et Dionisii, très peu vues hors de Russie, ont aussi fait le voyage. On se souvient que Matisse parlait avec admiration de ces images pieuses qui l’avaient aidé à élaborer son langage pictural.
On entre ensuite dans des salles qui relatent l’époque des tsars et décrivent la naissance de l’art séculier russe. À partir du xviie siècle, des scènes de la vie quotidienne et champêtre apparaissent, reléguant les descriptions religieuses au second plan.
Pierre le Grand s’ouvre à l’Occident, une démarche qui sera suivie par Catherine la Grande et qui servira de base aux collections de l’Ermitage. L’art russe du xixe siècle s’en trouve renouvelé et fait preuve d’une créativité très variée.
Kiprenski, Brioulov, Ivanov, Aïvazovski ou le groupe des « Peintres ambulants » s’expriment dans des styles aussi différents que le portrait romantique, la description de la vie paysanne ou encore de tumultueuses marines. On retrouve dans ces tableaux des références aux peintres français tels Corot, Courbet ou les impressionnistes, mâtinées d’une culture vernaculaire. Un mélange détonant.
Puis apparaît l’avant-garde historique emmenée par le cubo-futurisme, le constructivisme et le suprématisme et leurs maîtres que furent Gontcharova, Larionov, Malevitch, Tatline… L’exposition s’achève par les installations contem­poraines d’Ilya Kabakov ou de Vadim Zakharov, très critiques envers le réalisme socialiste. Le visiteur en sort pour sa part tout simplement ravi.

« Russie ! 900 ans de chefs-d’œuvre et de collections exceptionnelles », musée Guggenheim de Bilbao, www.guggenheim-bilbao.es, jusqu’au 3 septembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Bilbao expose neuf siècles d’art russe

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