Art contemporain

Ben fête à Blois les 60 ans du mouvement Fluxus 

Ben : « Fluxus porte artistiquement le problème de l'ego »

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 26 septembre 2022 - 409 mots

BLOIS

« Je suis un égoïste »: à l'occasion d'une exposition à Blois pour les 60 ans de Fluxus, mouvement artistique du XXe siècle dont il est l'un des chefs de file, Ben, « l'homme qui pose des questions », célèbre l'ego comme « matière première de l'art ».

Maxime Mamet : Que représente le mouvement Fluxus, dont vous êtes l'un des représentants, avec Yoko Ono ?
Ben : Tout est art. (...) Fluxus, c'est cette idée de rupture. Des penseurs ont voulu remettre l'art à zéro. Fluxus est un état d'esprit, comme une philosophie. Ca ne met pas un point final à l'abstraction, au formalisme, c'est une interrogation. (...) Je suis le plus mauvais des artistes Fluxus. Ils ont tous quelque chose à montrer. Moi, j'ai quoi à montrer ? Des questions ? Ca ne suffit pas. Où est ma personnalité ?

M.M : Pour autant, vous célébrez ces 60 ans de Fluxus avec une exposition sur l'ego ?
Ben : L'ego est indestructible. (...) Du moment qu'il y a survie, il a de l'ego. J'ai découvert, et je suis assez content de moi, que l'ego était partout. (...) L'ego, que j'avais ramené seulement à l'art, existe aussi dans la science, dans les mathématiques, dans les individus, partout. On ne peut l'éliminer. (...) C'est l'humain, mais c'est aussi la vache. Tout ce qui vit, tout ce qui cherche à se reproduire, a de l'ego. C'est ma vision. (...) C'est une matière première de l'art. Fluxus est un mouvement qui porte artistiquement le problème de l'ego. Rembrandt a dit : « Le clair-obscur c'est moi. » Fluxus a dit : « L'ego c'est moi ! » Je suis un égoïste. Je suis devenu l'homme qui pose des questions. L'art qui se pose des questions n'est pas supérieur, il est à côté.

M.M : Pourquoi était-ce important de célébrer ces 60 ans à Blois ?
Ben : Blois, c'est perdu dans la France, mais c'est quand même le centre du questionnement et de Fluxus. Les gens devraient venir en pèlerinage à genoux. (...) Je suis fier de mon mur qui tient toujours (La façade de la Fondation du Doute est entièrement recouverte d'écritures de Ben depuis 1995, NDLR). J'y ai écrit tout ce que j'avais à dire. Je suis fier qu'il soit à Blois et pas à Paris. A Paris, c'est normal de montrer son ego : on y montre son cul. Ici, je montre mon cul sans que l'on sache que c'est mon cul.

Propos recueillis par Maxime Mamet

Cet article a été publié par l'AFP le 24 septembre 2022.

« Ben, l’ego indestructible »

Jusqu’au 27 novembre à la Fondation du doute, 14 rue de la Paix. Blois.

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