Bacon dessinait aussi

Ses dessins inédits sont dévoilés à Londres

Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 476 mots

Après la présentation, l’année dernière, de peintures inédites et la sortie d’un film inspiré de sa vie amoureuse, Francis Bacon revient en force sur le devant de la scène. À partir du 16 février, la Tate Gallery lui consacre une importante exposition qui dévoile des dessins du peintre.

LONDRES (de notre correspondante) - “Francis Bacon : œuvres sur papier et peintures” organisée à la Tate Gallery de Londres est le type même d’exposition que le peintre n’aurait certainement pas appréciée de son vivant. En effet, Francis Bacon a toujours déclaré qu’il ne faisait pas de dessins. Des œuvres sur papier issues de la collection de la veuve de l’écrivain Stephen Spender sont cependant apparues après la mort de l’artiste et ont été dévoilées pour la première fois lors de la rétrospective Bacon à Paris, en 1996. Il les avait offertes à son ami Spender, et la Tate les a achetées à la famille l’an dernier. Un second groupe de dessins provient d’un ami anonyme de Bacon, qui les avait reçus de ses mains dans les années cinquante. Ils ont été acquis par la Tate auprès de la Marlborough Gallery. Toutes les œuvres sur papier ont été achetées à des collectionneurs anonymes, avec l’appui du National Heritage Lottery Fund et du National Art Collections Fund.

“Ces deux groupes de dessins proviennent directement de Bacon. Nous sommes donc certains qu’il s’agit d’originaux, souligne Jeremy Lewison, directeur des collections à la Tate Gallery. Ce sont les premiers dessins que nous connaissons de lui. Avant l’exposition de la collection Spender à Paris, personne ne savait que Bacon avait fait des dessins”. Les œuvres exposées à la Tate n’ont rien à voir avec les soi-disant Bacon qui ont circulé en Italie. Ces derniers sont d’ailleurs des faux présumés, et ils font actuellement l’objet d’un procès à Bologne. Exécutés au crayon et au stylo à bille, ils ont été achetés par un médecin bolonais, Francesco Martani, à Cristiano Ravarini, qui affirme les avoir reçus de Bacon alors que l’artiste séjournait dans la Péninsule. Récemment encore, aucune autre œuvre n’offrait de base à une comparaison. L’exposition, qui présente plus de quarante études au crayon, au stylo à bille, à la gouache et à l’huile, comporte également de nombreuses peintures de Bacon appartenant à la collection du musée. “Même si Bacon affirmait ne pas dessiner, il est fort possible qu’il couchait ses premières idées sur le papier avant de peindre. Ces études nous permettent de mieux comprendre sa technique”, indique Jeremy Lewison.

Par ailleurs, “Sheekey’s”, le restaurant de poissons préféré de l’artiste à Londres, vient de rouvrir, reconverti en lieu à la mode. Peut-être organisera-t-on bientôt des tournées des bars de Soho pour des armées de pèlerins sur les traces de Bacon ?

FRANCIS BACON : ŒUVRES SUR PAPIER ET PEINTURES

16 février-2 mai, Tate Gallery, Milbank, Londres, tél. 44 171 887 8000, tlj 10h-17h50

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Bacon dessinait aussi

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