Art moderne

Evian (74)

Avec Raoul Dufy, plus belle la vie

Palais Lumière jusqu’au 5 juin 2017

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 16 mars 2017 - 338 mots

ÉVIAN

Régates, courses et concerts, ces fêtes mondaines des Années folles ont valu à Dufy sa célébrité et le surnom d’« enchanteur ». Mais elles ne font pas toute son œuvre, qui est plus large et plus savante comme le rappelle opportunément cette abondante exposition.

En forme de florilège, elle retrace quarante années de créations conçues suivant le binôme « lumière-couleur » qu’il érigea en principe. Dufy a été sa vie durant et, en parallèle à sa vocation de peintre, un décorateur prolifique, passionné de techniques et soucieux d’innovations esthétiques. Une fois dégagé des partis pris du fauvisme et du cubisme, il s’est attaché à lier dans son travail arts majeurs et arts mineurs par un emploi des matières et un vocabulaire de motifs sans cesse enrichis. Son talent inventif s’impose dès 1909 avec l’illustration du Bestiaire d’Apollinaire, dont l’originalité séduit le couturier Paul Poiret et conduit Dufy à créer pour cet influent mentor des milliers de modèles, de dessins et de costumes transposés dans l’ameublement, l’habillement, le théâtre. Apparus à l’origine sur des gravures, les thèmes souvent teintés d’exotisme chers à l’artiste, fleurs, épis, animaux, coquillages, seront repris plus tard dans ses décors de maisons privées où son style fluide, ses tons transparents et les rythmes de ses compositions signent la joie de vivre.

Sur ses cartons de tapisseries qui rencontrèrent un grand succès comme sur les rideaux de scène, c’est la félicité que Dufy décrit et renouvelle. Sa carrière est au sommet lors de l’Exposition universelle de 1937 quand est inaugurée La Fée Électricité. Peu connues, rarement vues, les dix lithographies rehaussées et les gouaches préparatoires à cette immense fresque présentées pour l’occasion montrent la volonté de Dufy, conciliant poésie et progrès, de saluer la découverte synonyme de bonheur pour tous. Un bonheur retrouvé sur les vases, les tissus, le mobilier prêtés par de nombreux musées. Gertrude Stein écrivait en 1946 que « Dufy est plaisir ». Des mots à voir.

Légende Photo

Raoul Dufy, Elephants et fleurs, projet de tissu pour Bianchini-Férier, gouache, 70x48 cm, collection particulière © Photo : Jean-Louis Losi.

« Dufy, le bonheur de vivre »

Palais Lumière, 15, quai Albert-Besson, Évian (74), www.palaislumiere.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Avec Raoul Dufy, plus belle la vie

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