Orangerie sud du château d’Auvers, Musée Daubigny et maison du docteur Gachet, Auvers-sur-Oise (95)

Auvers, Zadkine et Kennett

Jusqu’au 31 août 2011

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 18 mai 2011 - 376 mots

Arpenter les rues d’Auvers-sur-Oise jalonnées d’iris et de tulipes pour se rendre d’un lieu culturel à l’autre est toujours un grand plaisir, pour peu que le soleil soit de la partie, tant le charme rustique de ce petit bourg du Vexin français est pour l’instant remarquablement préservé.

Un hommage y est rendu cette année au sculpteur Ossip Zadkine (1890-1967), qui inaugura il y a tout juste cinquante ans dans un parc du village une sculpture dédiée à Vincent Van Gogh. Grâce à un prêt exceptionnel du musée Zadkine de Paris, trente-neuf bronzes, dix-neuf estampes, des photographies et des documents d’archives  sont présentés à l’Orangerie du château d’Auvers, au Musée Daubigny et dans la maison du docteur Gachet.
L’œuvre de Zadkine, aujourd’hui familière, s’impose avec une belle subjectivité parfois un peu alambiquée, d’autres fois sobrement épurée, dans ces lieux où le temps semble s’être arrêté. Le Phénix réalisé en 1944 à New York, ville où s’était réfugié le sculpteur afin d’échapper au nazisme, incarne-t-il une présence tourmentée et souffrante, ou la promesse d’un irrésistible éveil ? Il a en tout cas fière allure sous les voûtes de l’Orangerie du château d’Auvers!

À l’autre extrémité du village, la Galerie d’art contemporain accueille Nicolas Kennett, un artiste né dans le Kent (Grande-Bretagne) en 1967. La mise en œil de cette exposition est surprenante, tant le regard doit s’adapter à des saveurs et des glissements toujours renouvelés. Sculpteur, peintre, grand accoupleur de matériaux les plus divers, Kennett ne craint aucune confrontation, aussi hasardeuse soit-elle. Des vis de laiton et des émaux viennent se ficher dans les chairs d’une Fillette en bronze laqué. La sculpture Eyes on the Field, réalisée avec des perles de verre, des clous et des planchettes de bois, ne serait-elle pas tout simplement une délicate culotte féminine chevauchant un énergique morceau de bois ? 
Kennett aime aussi les matériaux plus traditionnels, ainsi la subtile carnation du Papillon de nuit semble-t-elle suinter à fleur de bronze. Un beau livre sur les fulgurances et les créations insolites de ce jeune sculpteur imprévisible, Le Mur qui danse, est sorti aux éditions Area.

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« Année Zadkine »
Orangerie sud du château d’Auvers, Musée Daubigny, maison du docteur Gachet et Galerie d’art contemporain, Auvers-sur-Oise (95), www.auvers-sur-oise.com et zadkine-auvers2011.fr, jusqu’au 31 août 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°636 du 1 juin 2011, avec le titre suivant : Auvers, Zadkine et Kennett

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