Textiles

Au pays du tissu intelligent

Le Musée des tissus de Lyon s’est lancé dans une politique d’expositions dynamiques

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 2 février 2010 - 571 mots

LYON - Nommée à la tête du Musée des tissus de Lyon en juin 2006, Maria-Anne Privat-Savigny multiplie les expositions et événements artistiques pour donner à l’institution une place de choix dans le paysage culturel français (lire ci-dessous).

Parallèlement au renouvellement complet des espaces permanents, le musée accueille deux manifestations, l’une historique, l’autre axée sur la création contemporaine.
 
Le premier parcours retrace l’histoire d’un accessoire beaucoup moins anodin qu’il n’y paraît : le gant. Mitaines en dentelle noire, gants à crispin du XVIIe siècle, gants haute couture, gants de poupée, de sport ou de super-héros, sans oublier des pièces uniques comme les gants de Buffalo Bill ou ceux de la comtesse de Sévigné, si fins que, pliés, ils pouvaient tenir dans une coquille de noix…

Le musée présente les plus belles pièces de sa collection aux côtés de gants prêtées par le conservatoire des créations Hermès, le Musée de Millau et la maison Causse, à Millau (Aveyron). L’accessoire est aussi abordé à travers les techniques complexes de son élaboration. Des vitrines illustrent ainsi les différentes étapes de la confection du gant, depuis la mégisserie, opération de transformation des peaux brutes, jusqu’au résultat final en passant par l’atelier du tanneur, la coupe à l’aide de l’emporte-pièce et la pose sur des mains chauffantes pour le tendre au maximum. Un travail de longue haleine pour des accessoires parfois à usage unique.

Des tissus beaux et intelligents
En guise de conclusion, les pièces signées Christian Lacroix, Karl Lagerfeld, Chantal Thomass ou Yves Saint Laurent intègrent le gant comme support de création. Car le leitmotiv de Maria-Anne Privat-Savigny est bien de « sortir le tissu de la couture pour dame et le montrer comme partie prenante à la création contemporaine ». C’est aussi l’objectif avoué de la deuxième édition de la Biennale des créations textiles contemporaines, organisée au sein du musée sur le thème, cette année, des tissus interactifs.

Ces « tissus intelligents », comme on les nomme également, réagissent à la lumière, à la chaleur ou au contact humain. En témoignent les robes de Ying Gao qui, grâce à des microcapteurs, se mettent à gonfler en réaction au mouvement, ou le manteau antipollution d’Élisabeth de Senneville. La créatrice Florence Bost a, quant à elle, conçu une œuvre poétique intégrant des papillons en mouvement à son textile, tandis que Luc Druez présente un tissu à mémoire de formes en nylon et cuivre que les visiteurs sont invités à toucher.

Au centre, l’installation magistrale de Sophie Mallebranche, trois panneaux en suspension tissés de fils métalliques que réfléchissent des miroirs à même le sol, donne le ton d’une proposition résolument futuriste. Il faudrait citer encore Veronika Moos-Brochhagen et ses créations de fils électriques sur plaque de verre dont les ombres projetées dessinent des cercles à même le mur.
 
La manifestation offre à ce musée au statut atypique – le Musée des tissus dépend non de l’Etat ou d’une collectivité mais de la chambre de commerce de Lyon – la possibilité d’élargir son champ d’action. Elle vise aussi à « booster » une fréquentation qui a déjà battu des records en 2009 avec 40 % de visiteurs supplémentaires, soit 131 000 personnes sur l’année.

DANS LA PEAU DU GANT, jusqu’au 28 mars ; 2e Biennale de creations textiles contemporaines, jusqu’au 21 février, Musée des tissus de Lyon, 34, rue de la Charité, 69002 Lyon, tél. 04 78 38 42 00, tlj sauf lundi et jours fériés 10h-17h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : Au pays du tissu intelligent

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