Histoire

Au musée citoyen !

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2004 - 538 mots

Une exposition sur les grands combats menés pour les droits de l’homme au XXe siècle est présentée au Musée d’Histoire contemporaine à Paris.

 PARIS - De l’affaire Dreyfus aux dernières manifestations de la Licra (Ligue internationale contre le racisme), le Musée d’Histoire contemporaine met en lumière les grands combats menés au cours du XXe siècle en France au nom des droits de l’homme. Articles de lois, manuscrits originaux, affiches, coupures de presse, photographies, mais aussi enregistrements sonores et vidéos nous plongent au cœur des actions entreprises pour obtenir le droit à l’avortement, l’abolition de la peine de mort et des tribunaux militaires, la fin de la colonisation, la défense des réfugiés en France… L’exposition présente de nombreux documents inédits (comme la fausse lettre fabriquée par le commandant Henry pour « démontrer » la culpabilité de Dreyfus) après le retour de Moscou des archives de la Ligue des droits de l’homme. Saisies par les nazis en 1940, celles-ci sont désormais accessibles à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) rattachée au musée. Créée en 1898, en pleine affaire Dreyfus, la Ligue est le fait d’un petit groupe d’intellectuels et de parlementaires unis pour « défendre les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme ». Au nombre des grands combats qu’elle a menés, l’abolition de la peine de mort aura particulièrement déchaîné les passions. En témoignent les divers documents réunis sur le sujet, depuis la première tentative de Jaurès en 1908 jusqu’à 1981, année où fut finalement votée la loi d’abolition grâce à Robert Badinter. Le discours que le garde des sceaux prononça avant le vote à l’Assemblée nationale est diffusé sur grand écran. Subtile et didactique, la scénographie enrichit les documents officiels ou historiques d’objets plus anecdotiques, comme cet éventail pour le vote des femmes réalisé vers 1900, et d’images pour le moins éloquentes. Ainsi de la photographie des Têtes coupées des « bandits du Nord », lesquels furent exécutés à Béthune en 1906, du cliché d’Elie Kagan lors de la violente répression policière de la manifestation du 17 octobre 1961 à l’appel du Front de libération nationale, d’une affiche de la campagne pour le boycott des produits venant d’Afrique du Sud dans les années 1980 ou de l’illustration signée Tardi contre le projet de révision du code de la nationalité en 1987. L’ensemble est vivant et évoque l’esprit dans lequel furent livrées ces différentes batailles. Pour chaque grand thème, une personnalité est mise en avant : Francis de Pressensé, le « socialiste révolutionnaire » nommé président de la Ligue en 1903, grand défenseur des droits sociaux ; Caroline Rémy, plus connue sous le pseudonyme de Séverine, femme de lettres, journaliste féministe et libertaire ; Bernard Lecache, figure majeure de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme, ou encore Andrée Viollis qui dénonça les tortures et violences coloniales. En guise d’épilogue, une question : quels seront les combats de demain ?

DROITS DE L’HOMME, COMBATS DU SIÈCLE

Jusqu’au 18 décembre, Musée d’Histoire contemporaine-BDIC, Hôtel national des Invalides, cour d’honneur, esplanade des Invalides, 75007 Paris, tél. 01 44 42 38 39, tlj sauf lundi et dimanche matin, 10h-13h, 14h-17h30 (fermé le 30 mai). Catalogue coédité avec le Seuil, 258 p., 35 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Au musée citoyen !

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