« Devenir » réunit, via la commissaire Sophie Monjaret, elle-même plasticienne, des artistes, des professeurs et des diplômés des Beaux-Arts de Paris qui ont participé au département de recherche du Collège des Bernardins, La Parole de l’Art.
Interrogeant le devenir de l’artiste au sein de la société néo-libérale, avec dans l’idée de creuser son sillon sans se soucier des sirènes médiatiques et de la circulation de l’argent autour de l’art, cette manifestation en trois mouvements (le passé avec les œuvres déjà créées et dévoilées dans l’ancienne sacristie ; le présent avec un lieu transformé en un atelier partageant l’acte de création avec le public ; le futur avec des débats programmés) pose une question essentielle : qu’est-ce qu’être artiste aujourd’hui ? Des œuvres aux médiums variés (dessin, installation, sculpture, film…) dévoilent la belle sensibilité de créateurs en quête de sens, on retiendra par exemple le beau nuancier de couleurs minimal du regretté Alban Denuit, décédé pendant les attentats du 13 novembre 2015, ou encore la superbe collection, végétale, minérale et animale, d’objets collectés mis en bocaux par le glaneur Kealan Lambert. « Je veux révéler, précise la commissaire, et montrer que derrière chaque œuvre il y a un être humain » – c’est peu dire qu’elle y parvient. Seule réserve, on sait que c’est une mode actuellement de ne plus mettre de cartels près des œuvres mais cette absence constatée ici, même si un plan du circuit donné à l’entrée aux visiteurs avec des numéros renvoie aux pièces exposées permet tant bien que mal de s’y retrouver, est agaçante.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Au je(u) du devenir des artistes
