Artistes et galeries à travers le monde (4 février 2000)

L’actualité de l’art contemporain

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 4 février 2000 - 1049 mots

LONDRES
La nouvelle galerie de Tommaso Corvi-Mora s’est ouverte avec une exposition de Larry Clark et Bruce Weber, deux stars de l’image des vingt dernières années. Réalisée en collaboration avec les deux artistes, elle constitue la première cohabitation de leurs travaux, avec des images tirées du dernier livre de Weber, The Shop Suey Club, publié fin 1999, et des travaux de Larry Clark datant des années quatre-vingt-dix. Leur présentation coïncide avec le retour de l’Américain au travail en studio, après une longue carrière dans le documentaire.

Corvi-Mora Gallery, 22 Warren Street, Londres, tél. 44 171 383 2419, jusqu’au 4 mars

Les peintures figuratives de Martin Maloney sont présentées pour la première fois en solo chez Anthony d’Offay. Ici, les références à l’histoire de l’art et à la culture populaire se donnent rendez-vous sur des toiles où s’expriment gestes extravagants, grimaces et clins d’œil à la mode. L’artiste entend ainsi offrir « un sens de l’optimisme et l’espoir comme alternative au cynisme de la dernière décennie ».

Anthony d’Offay Gallery, Dering Street, Londres, tél. 44 171 499 4100, jusqu’au 11 mars

NEW YORK
Le roman à succès de John Updike, Couples, est rapidement devenu une référence de la culture américaine et a souvent inspiré des films. C’est au tour d’une exposition de prendre pour référent cette atmosphère de refoulement sexuel et de désir de consommer, ainsi que le thème du couple lui-même. Cette « danse », sur une musique de coupledom, réunit des œuvres de Francis Bacon, Jenny Holzer et Alice Neel. L’exposition est parfaitement orchestrée par le couple Cheim & Read.

Cheim & Read, 521 West 23rd Street, Ground Floor, New York, tél. 1 212 242 7727, jusqu’au 4 mars

La Robert Miller Gallery inaugure son nouvel espace de Chelsea avec une Sounding Sculpture de Harry Bertoia, peut-être davantage connu en tant que designer chez Knoll dans les années cinquante. Ses objets musicaux en métal sont apparemment passés de mode, mais cette exposition pourrait bien en transformer la perception par le public. Bertoia avait répondu à une commande d’œuvres pour un festival de musique à Bergen, en Norvège, en 1976, l’année précédant sa mort. Les pièces ont été acquises par un Norvégien, son plus grand collectionneur, qui a d’ailleurs accompagné Bertoia jusque sur son lit de mort et lui a fait le serment que cette œuvre particulière serait à nouveau montrée. Resté pendant vingt ans dans des caisses, et envoyé directement de Pennsylvanie en Norvège sans avoir été exposée en Amérique, cet ensemble est présenté pour la première fois à New York.

Robert Miller Gallery, 508 West 26th Street, New York, tél. 1 212 980 5454, jusqu’au 26 février

La jeune Brésilienne Adriana Varejáo bénéficie d’une dynamique internationale, à tel point qu’elle a déjà exposé dans de nombreuses biennales. Les peintures montrées chez Lehmann Maupin comprennent des autoportraits et des images d’océan qui font référence à l’histoire géographique et sociale de son pays natal et utilisent un rouge flamboyant.

Lehmann Maupin Gallery, 39 Greene Street, New York, tél. 1 212 965 0753, jusqu’au 12 février

PARIS
Matisse et ses colombes, Giacometti traversant la rue d’Alésia sous la pluie, Bonnard et son cache-nez… les admirateurs d’Henri Cartier-Bresson ne doivent pas manquer les quatre-vingt-dix images exposées par la galerie Claude Bernard. Cette monographie reprend en effet les « icônes » du photographe, avec des tirages modernes, signés et frappés d’un tampon sec. Portraits, scènes de rue en Espagne ou au Japon sont immortalisés avec la volonté qui caractérise « HCB » : saisir l’instant décisif, mais en respectant une géométrie rigoureuse. Un catalogue, avec un texte de Gérard Macé, est publié.

Galerie Claude Bernard, 7-9 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, tél. 01 43 26 97 07, jusqu’au 26 février

Empty Space, la nouvelle série de Mac Adams donne à voir d’emblée, tout en invitant l’œil à s’aventurer au-delà de l’évidence. Le photographe construit d’habiles natures mortes, dont l’ombre projetée crée une toute autre forme, mystérieuse ou parfaitement identifiable, comme celle d’un oiseau ou d’un poisson. Ces tirages noir et blanc jouent sur l’illusion de l’image, la capacité du spectateur à la déchiffrer. Ces travaux succèdent à une série couleur, Post-modern Tragedies, où Mac Adams incrustait le reflet de scènes violentes dans des images d’objets de design.

Galerie Serge Aboukrat, 7 place Furstemberg, 75006 Paris, tél. 01 44 07 02 98, jusqu’au 15 mars

Même s’il a déjà abondamment exposé dans des musées et des centres d’art, en France et à l’étranger, Daniel Schlier n’avait jamais bénéficié d’une exposition personnelle à Paris. C’est chose faite aujourd’hui avec celle que lui consacre Art : Concept. Il y déploie une nouvelle série de paysages, dont le titre est tout aussi étrange que les images auxquelles il renvoie : Les montagnes pensent, les chiens aussi. Ses icônes, un rien écologiques, se nourrissent d’une technique particulière de peinture traditionnelle, le fixé sous verre, que l’artiste manie avec dextérité. Schlier nous propose ici une vision décalée à l’heure technoïde, une peinture nourrie par la tradition, loin du tout numérique.

Art : Concept, 34 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 53 60 90 30, jusqu’au 26 février

Le passage à l’an 2000 a marqué les esprits bien qu’il n’ait pas provoqué de cataclysme. L’exposition organisée par la galerie Jennifer Flay fait justement écho à ce chaos virtuel, allant même jusqu’à emprunter son titre à l’un des romans cultes de science-fiction : A Brave New World (Le meilleur des mondes) d’Aldous Huxley. Dans des styles et sur des modes très variés, une dizaine d’artistes proposent leur point de vue : Claude Closky, Michel François, Dominique Gonzalez-Foerster, Zoe Leonard, Lisa Milroy, Simon et Renaud, Alain Séchas et Xavier Veilhan.

Galerie Jennifer Flay, 20 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 44 06 73 60, jusqu’au 26 février

À l’heure des soldes, la galerie Martine et Thibault de la Châtre s’est transformée en intérieur « cosy » qui sème le doute chez les passants sur la nature du lieu. Une installation de (faux) vêtements fait même penser à la boutique d’un couturier. Ce Dressing room de Deborah Irmas est en réalité un projet de Gotscho, qui a créé dans la galerie un environnement inédit où se côtoient dessins, chaussures et installations comprenant des créations textiles. Un univers poétique, sensible et littéraire.

Gotscho, Galerie Martine et Thibault de la Châtre, 36 rue de Varenne, 75007 Paris, tél. 01 45 48 82 99, jusqu’au 4 mars

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (4 février 2000)

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