Artistes et galeries à travers le monde (31 mars 2000)

L’actualité de l’art contemporain

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2000 - 1019 mots

NEW YORK
Dan Graham mène depuis quelques années une réflexion sur les enfants, avec des œuvres qui leur sont destinées et dont ils sont le sujet : le fameux Children’s Pavilion (1988) conçu avec Jeff Wall, le Skateboard Pavilion (1989) ou la Girl’s Make Up Room (1997-99). À New York, il présente son Children’s Day Care, CD-ROM, Cartoon and Computer Screen Library, incluant un cédérom et un écran d’ordinateur, et fonctionnant comme un espace interactif et une librairie pour les petits. Souvent utilisé dans le travail de l’Américain, un jeu de miroirs permet aux enfants de se mettre dans le rôle du voyeur, puisqu’ils peuvent s’observer mutuellement à leur insu. À côté de ce projet, Marian Goodman expose des maquettes des derniers projets de Graham, en particulier Yin/Yang (1997), Swimming Pool/Fish Pond (1996) et Portal (1998).

Marian Goodman Gallery, 24 West 57th Street, New York, tél. 1 212 977 7160, jusqu’au 20 mai


PARIS
Michel Rein, qui vient de s’installer rue de Turenne dans un espace entièrement rénové avec verrière, assure la continuité de sa programmation, commencée à Tours, en présentant les dernières pièces de Bernhard Rüdiger. L’artiste dévoile ici La Vierge danse un tango avec le grand julot ou Mon amie, je voudrais être enterré dans un énorme paratonnerre, une grande sculpture de métal et de bois sur laquelle courent deux trains électriques. Énergie et mouvement se conjuguent dans cette œuvre aux accents gynécologiques. L’accrochage est notamment complété par un ensemble de nouvelles photographies mettant en évidence les recherches de Rüdiger sur la lumière négative.

Galerie Michel Rein, 42 rue de Turenne, 75003 Paris, tél. 01 42 72 68 13, jusqu’au 15 avril

La Japonaise Yayoi Kusama s’est installée en 1958 à New York, où elle a côtoyé des artistes comme Donald Judd, Frank Stella et Andy Warhol. Son travail obsessionnel, centré notamment sur les pois, la nourriture et le sexe, retrouve actuellement toute la lisibilité qu’il mérite, après le Pavillon japonais de la Biennale de Venise en 1993 et la grande rétrospective qui vient de s’achever à la Serpentine Gallery de Londres. Kusama avait présenté en 1963 son Aggregation : One Thousand Boats Show, une barque remplie de protubérances. Elle a réalisé spécialement pour l’espace de la rue Jacques-Callot une nouvelle sculpture sur le même thème, mais pour Repetitive vision, phallus boat, la barque est entièrement drapée d’un rouge baroque.

Galerie Pièce Unique, 4 rue Jacques-Callot, 75006 Paris, tél. 01 43 26 54 58, jusqu’au 16 mai

Après avoir abondamment décliné l’image de la pin-up des années cinquante, David Levinthal a mis en scène des poupées qu’il assemble et maquille pour les prendre en photo suivant les conventions des photographies de charme. Tout en sensualité et en perversité, ses modèles inanimés jouent sur le regard des hommes et leur capacité à extrapoler les archétypes de la sexualité, même à partir de simples jouets passés au filtre du Polaroïd.

Galerie Xippas, 108 rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 40 27 05 55, jusqu’au 29 avril

On se souvient de deux actions de PROTA(TT)RIOREAU rue Marcel-Tribut, à Tours, et rue Massenet, à Nantes, où les deux artistes avaient mis au point un dispositif comprenant une caméra de surveillance placée sur un vérin pneumatique télescopique. La caméra filmait un espace avant de traverser un faux plafond et s’écraser sur la maquette du même espace. Pour la première exposition de PROTA(TT)RIOREAU à la galerie Le Sous-sol, sont présentées les archives de cette destruction : film vidéo, photocopies, comme pour mieux en mettre en valeur les différentes strates.

Galerie Le Sous-sol, 9 rue de Charonne, 75011 Paris, tél. 01 47 00 02 75, jusqu’au 15 avril

Dans le nouvel espace Ernst Hilger, rue du Roi-de-Sicile, le directeur du Musée d’art moderne/Fondation Ludwig de Vienne a réuni une quinzaine d’artistes « pour une Autriche ouverte ». Dans le texte qui accompagne l’exposition, intitulée « Ordre du jour - Zur Tagesordnung », Lorand Hegyi dénonce le boycott de l’Autriche et lance cet appel : « Continuons à travailler ensemble, et soyons convaincus que la réflexion, la confrontation objective et critique avec la réalité complexe seront plus fructueuses qu’une réaction émotionnelle ». Parmi les artistes exposés figurent Alain Balzac, Gloria Friedmann, Nikolaus Moser, Pascal Pinaud, Nebojsa Seric-Soba, Elisabeth Vary et Sebastian Weissenbacher.

Espace Ernst Hilger, 4 rue du roi de Sicile, 75004 Paris, tél. 01 42 74 20 41, jusqu’à fin avril

Depuis quelques années, ce couple d’extra-terrestres sillonne inlassablement les allées des plus grandes foires d’art contemporain, biennales et autres Documenta. Le crâne parfaitement rasé et portant à ravir des robes aux couleurs éclatantes, Eva et Adele lancent parfois des « Futuring », leur cri de guerre. Les artistes berlinois présentent à la galerie Jérôme de Noirmont des dessins, peintures, photographies et vidéos, parmi lesquels sont proposés trente-quatre Polaroïds, des autoportraits qu’ils réalisent chaque matin. La galerie édite également à cette occasion une installation vidéo : soixante-trois minutes durant lesquelles le couple répète « Futuring ».

Galerie Jérôme de Noirmont, 38 avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 42 89 89 00, jusqu’au 18 mai

ZURICH
Stefan Altenburger continue son exploration de la nature, à l’instar des Forest Images qu’il avait par exemple exposées l’année dernière à l’Espace d’art contemporain de Demigny. À Zurich, il présente un Film montrant simplement un paysage enneigé, sans le moindre son. L’image devient suffisamment abstraite pour que l’on ne sache plus si elle a été saisie sur le vif ou générée par ordinateur. Stefan Altenburger expose aussi des photographies noir et blanc sur le même sujet, ainsi qu’une installation sonore comprenant deux haut-parleurs et un synthétiseur que les visiteurs peuvent régler librement.

Galerie Peter Kilchmann, Limmatstrasse 270, Zurich, tél. 41 1 440 39 31, jusqu’au 20 mai

Les grands formats de Maike Abetz et Oliver Drescher réunissent des portraits d’eux-mêmes, de pop stars ou d’amis qui questionnent la disparition des identités et l’abolition des différences. Les éléments de ces peintures s’intègrent dans des dispositifs en mosaïque ou des motifs issus de l’Op-art. Abetz/Drescher, qui revendiquent leur culture télévisuelle, incorporent dans leurs compositions toutes les technologies de notre temps : disques, télévision, lecteur de cassettes…

Ars Futura Galerie, Bleicherweg 45, Zurich, tél. 41 1 201 88 10, jusqu’au 13 mai

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (31 mars 2000)

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