Artistes et galeries à travers le monde (3 novembre 2000)

L’actualité de l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 3 novembre 2000 - 910 mots

LONDRES
Victoria Miro inaugure ce mois-ci son nouvel espace de Wharf Road avec une exposition de travaux récents de Thomas Demand. Ce dernier a participé activement, avec Peter Doig, à la création des meubles pour la galerie, en liaison avec l’architecte Trevor Home. Demand, qui a déclaré que « la photographie est moins une question de représentation que de construction de ses propres objets », est aujourd’hui reconnu au plan international pour ses images issues d’un processus qui débute par la sélection du cliché d’un espace existant. Ce bâtiment ou cet intérieur sont ensuite méticuleusement recréés en papier et carton. Une fois ces environnements photographiés, l’artiste les détruit pour qu’ils ne soient jamais exposés.

Victoria Miro Gallery, 16 Wharf Road, Londres, tél. 44 207 336 8109, 26 novembre 2000 - 31 janvier 2001

Il existe en Angleterre une véritable culture du pub et de la bière. Il n’est donc pas étonnant qu’une exposition soit aujourd’hui consacrée à cette boisson si prisée outre-Manche. Sous le titre « Oktoberfest », chez VTO, un « group show » réunit un ensemble d’artistes internationaux qui ont travaillé sur le sujet. Ainsi est mis en évidence le goût de Dan Graham pour la bière, le breuvage conçu chez lui par Matthew Higgs ou le doux « Beer Garden » de Tim Sheward et James White. À la place de ce sponsor, Oktoberfest, bien d’autres marques de bières auraient pu financer cette exposition.

VTO, 96 Teesdale Street, Londres, tél. 44 207 729 5629, jusqu’au 12 novembre


NEW YORK
Cindy Sherman démontre à merveille cette propension qu’ont les Américains à commencer petit, avant de proposer, au fur et à mesure, des pièces de plus en plus grandes, en restant souvent fidèle à l’idée originale. Aussi, personne ne conteste le fait que, parmi les meilleures pièces de Cindy Sherman, figurent ses « Untitled Film Stills ». L’exposition de ses dernières photographies chez Metro Pictures arrive ainsi portée par l’histoire de sa propre carrière. Ces travaux traitent de ses échecs et réussites personnelles.

Metro Pictures, 519 West 24th Street, New York, tél. 1 212 206 7100, 11 novembre - 16 janvier

Jean-Pierre Pincemin est un peintre minimaliste sous-estimé, comme Brice Marden en est un surestimé. La faute n’est à chercher ni chez l’un ni chez l’autre, mais plutôt dans le diktat du marché de l’art et, peut-être, des États-Unis et de New York, depuis que l’art contemporain y est à la mode. Jean-Pierre Pincemin bénéficie au mois de novembre de l’une de ses rares expositions à New York, à la Denise Cadé Gallery, où il présente une série de peintures récentes intitulées The Dragon Year (l’année du Dragon).

Denise Cadé Gallery, 1054 Madison Avenue, New York, tél. 1 212 734 3670, 8 novembre - 23 décembre

Tissu, couleur, contexture et travaux manuels, ces traditionnels plaisirs « féminins » ont été abondamment exploités dans le monde de l’art contemporain par des artistes ouvertement féministes ou par le mouvement « Pattern & Decoration », qui fut instantanément ridicule dans les années soixante-dix. Ces sujets ont été récemment ravivés par Polly Apfelbaum, qui a recréé le mouvement « Pattern & Decoration » à elle seule. Avec Apfelbaum, plus c’est grand, meilleur c’est, comme pourront en témoigner ceux qui ont vu son installation au Kiasma, à Helsinki. Elle poursuit la présentation de pièces monumentales chez D’Amelio Terras où elle présente sa plus grande exposition à ce jour.

D’Amelio Terras, 525 West 22nd Street, New York, tél. 1 212 352 9460, 11 novembre - 23 décembre

Autrefois figure légendaire de combat des bars et des rues de Manhattan, Isa Genzken a poursuivi pendant plusieurs décennies une longue histoire d’amour et de haine avec l’architecture de la ville. Le résultat de cette relation est aujourd’hui exposé chez AC Project Room. À partir de matériaux étonnants assemblés à la hâte, l’artiste a reconstruit sa propre ville joyeuse, un lieu jalonné de couleurs vives et construit à partir de cartons à pizza et de pétales de fleur. Cette vision humaniste de notre environnement urbain porte le nom provocateur de « Fuck the Bauhaus – new buildings for New York ». L’exposition comprend des projets pour l’immeuble AT&T, le chef d’œuvre de Philip Johnson, ajoutant au bâtiment deux grandes antennes pour l’actuel propriétaire, Sony. Genzken, qui est en même temps l’un des guides les plus éclairés de l’architecture et de l’urbanisme new-yorkais, voit simplement ce que d’autres ignorent, comme en témoignent un ensemble de gros plans photographiques d’anonymes gratte-ciel et une nouvelle vidéo.

AC Project Room, 453 West 14th Street, New York, tél. 1 212 645 4970, jusqu’au 18 novembre


PARIS
Les images nous raconte-t-elle des histoires ? La galerie Laage-Salomon semble le penser en proposant une exposition collective sur ce thème que l’on peut qualifier de « narratif ». John Baldessari propose ici des montages, colorations d’images, parfois issues des médias, du cinéma ou de la télévision. Son élève, Fariba Hajamadi, transforme elle aussi les images mais pour mieux mettre en exergue les différences de culture qui existent entre le monde islamique, en l’occurrence l’Iran, et le monde occidental. Les « producteurs d’iconographies » (médias, cinéma…) sont également et indirectement au centre du travail de Tracey Moffatt. S’appuyant aussi bien sur Walt Disney que sur Goya ou Alfred Hitchcock, l’Australienne propose des mises en scènes qui n’attendent qu’à être prolongées par un imaginaire fertile. Cette logique prévaut aussi dans le travail d’Annette Messager ici exposé : Le Feuilleton, 2e épisode.

Galerie Laage-Salomon, 57 rue du Temple, 75004 Paris, tél. 01 42 78 11 71, jusqu’au 30 décembre

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (3 novembre 2000)

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