Artistes et galeries à travers le monde (25 mai 2001)

L’actualité de l’art contemporain

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 25 mai 2001 - 678 mots

NANCY - Étienne Bossut duplique des objets ordinaires : bidons, cuvettes, réfrigérateurs, chaises de jardins, qu’il transforme en sculptures grâce à la technique du moulage. L’artiste ne s’aventure pourtant pas sur le terrain de l’illusion, et ne masque pas les procédés de fabrication. Fibre de verre et résine synthétique gardent ainsi la mémoire des moules qui les ont façonnées en arborant de voyantes coutures. Suspendue au plafond de la galerie, une série de matelas moulés en résine défie les lois de l’apesanteur alors que, dans la pièce voisine, des œuvres plus anciennes restent prisonnières de leurs socles.

Galerie Art Attitude Hervé Bize, 17-19 rue Gambetta (cour), 54000 Nancy, tél. 03 83 30 17 31, du 18 mai au 21 juillet 2001.



NEW YORK - Au fil des décennies, le travail de Vija Celmins – actuellement présenté à la galerie McKee – a défié les catégorisations, refusant aussi bien d’être qualifié d’« hyperréalisme » que d’« illustration », pour développer une cosmologie et un univers singulier et étrange. Si ses précédentes images de ciels étoilés et de mers vides sont des clichés devenus des classiques de l’art contemporain, son obsession méticuleuse du graphisme fait cependant toute la différence. L’ambiguïté entre un sujet banal et un rendu méticuleux confère à son œuvre un attrait jamais démenti. Sa position hors des courants et des mouvements constitue une caractéristique inhérente à son mystère silencieux, à son impossibilité de décider une fois pour toutes du sens que l’on pourrait donner à son travail. Par ce refus de l’intention arrêtée, mais aussi par ses images délibérément « vierges », telle celle d’un simple chauffe-eau à gaz, Vija Celmins influence une nouvelle génération de peintres, au nombre desquels figure Luc Tuymans.

McKee Gallery, 745 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 688 5951, jusqu’au 22 juin



PARIS - Architecte de formation, Gabriele Basilico travaille comme photographe. Ses domaines de prédilection sont la ville et le paysage industriel. À travers la série Interrupted City, réalisée à Milan en 1997, il observe la cité comme un corps vivant, cherchant à révéler sa structure sociale et économique. « Il est très difficile de dépeindre une ville aussi grande que Milan dans toute sa complexité, explique-t-il. On court le risque de réaliser une œuvre qui se veut exhaustive mais incomplète, et dont la tension narrative se dilue dans une mosaïque de fragments ambitieuse mais difficile à manier. J’ai préféré construire une narration partiale en choisissant trois zones distinctes de la ville. » La première zone, qui s’étend entre les deux gares principales, a été massivement reconstruite après la guerre. La deuxième partie de l’exposition réunit des images tirées de quelques fragments de la ville : des monuments, des bâtiments historiques, des squares, des lieux qui n’ont pas perdu leur identité et « qu’on ne devrait pas oublier ». Enfin, l’artiste s’est intéressé à la banlieue et à ses innombrables immeubles neufs, le territoire « le plus complexe et le plus cosmopolite […], le lieu de la coexistence urbaine maximale ».

Galerie Anne Barrault, 22 rue Saint-Claude, 75003 Paris, tél. 01 44 78 91 67, du 30 mai au 18 juillet.

- C’est d’abord à Paris que Sam Francis a été reconnu et apprécié. Dès 1952, la galerie Nina Dausset lui organise sa première exposition, bientôt suivie de deux autres à la galerie Rive droite. Aujourd’hui, c’est au tour de la galerie Daniel Templon de lui rendre hommage, à travers un ensemble d’œuvres sur papier, réalisées de 1950 à 1980. Par de larges et vigoureuses taches de couleurs, claires ou foncés, Sam Francis module la surface de ses grands formats, créant un mouvement. « L’espace c’est la couleur », déclarait-il. Dans ses Bleus (1967-1968), il distend de plus en plus les intervalles séparant les touches de couleurs, qu’il repousse vers les bords de la toile, pour faire apparaître le blanc. Il va ensuite se consacrer principalement aux différentes façons d’étendre ou de restreindre ce blanc original, par divers cadrages, réseaux de tracés ou des quadrillages.

Galerie Daniel Templon, 30 rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. 01 42 72 14 10, du 2 juin au 13 juillet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°128 du 25 mai 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (25 mai 2001)

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