Artistes et galeries à travers le monde (11 mai 2001)

L’actualité de l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 11 mai 2001 - 969 mots

LONDRES
- Si Tracey Emin est très présente sur la scène artistique londonienne, l’exposition de la White Cube2 est pourtant sa première rétrospective individuelle dans la capitale britannique depuis bientôt quatre ans. C’est également la première fois que sont mis à sa disposition les White Cubes Jopling depuis ses débuts avec « My Major Retrospective » en 1993. Ses nouveaux néons, couvertures décorées, peintures et films, Tracey Emin prétend qu’ils sont « à la frontière entre le formel et le démentiel ». Symbolisant son instabilité persistante, elle a construit un toboggan de plus de trois mètres de haut avec du bois de récupération, accompagné du commentaire suivant : « Putain de toboggan – peu importe que tout aille bien, peu importe que la vie soit belle, il suffit d’une petite poussée pour commencer sa descente dans la spirale sans fin, pour moi chaque instant de réalité est un équilibre. »

White Cube2, 48 Hoxton Square, Londres, tél. 44 20 7930 5373, jusqu’au 26 mai.

- Les photographies de Sophy Rickett chez Emily Tsingou ont été prises dans des endroits connus, mais l’obscurité étouffe tout sauf ce qu’elle veut nous montrer : une étendue d’herbe, une portion de lumière sous un lampadaire, les troncs de pins, une silhouette frêle arrêtée dans un faisceau lumineux à mi-distance. Contrastant avec ses photographies nocturnes des années 1990, où des jeunes femmes élégantes marquaient leur territoire en urinant debout sur des monuments londoniens, ces images descriptives, mais énigmatiques, entraînent, selon elle, le spectateur « partout et nulle part ».

Emily Tsingou Gallery, 10 Charles II Street, Londres, tél. 44 20 7839 5320, jusqu’au 30 juin.



NEW YORK
- Les jeux de permutation linguistique de Kay Rosen montrent combien les effets sémiotiques de l’art conceptuel des années 1960 et 1970 ont finalement évolué vers un concept plutôt divertissant. Si ses joutes et paradoxes oratoires relèvent de la poésie concrète, ils sont à la fois très américains et à la portée de tous. Ses huit nouvelles aquarelles à la Paul Morris Gallery, intitulées Rooms, comprennent une liste verticale de termes décrivant du mobilier. Permutés et réalignés conformément à un ordre établi par l’artiste, « ces mots sont disposés sur le plan page/sol comme le seraient des meubles dans une pièce, mais ils forment des groupes en fonction de l’alignement d’une seule lettre commune à deux mots ou plus ». Inspirées de la célèbre Chambre blanche de Marcel Broodthaers avec ses meubles et son contenu inscrits sur ses murs, les variantes mineures et ludiques de Kay Rosen viennent avec gaieté enrichir le genre.

Paul Morris, 465 West 23rd Street, New York, tél. 1 212 727 2752, jusqu’au 16 juin.

- Avec sa gamme inventive des techno-monstres qui ne cesse de s’élargir, Tony Oursler crée un lexique nouveau, voire un monde propre, riche d’associations et de connotations. L’imagination perverse et débordante de cet Américain est mise en évidence par ses dernières réalisations, Antennae Pods Transmissions présentées chez Metro Pictures. Bien que ses visages indistincts restent inaccessibles derrière le verre soufflé – prison depuis laquelle ils nous observent avec colère –, ses dernières sculptures réalisées à partir d’antennes de télévision sont un véritable amas de références à la science-fiction. En effet, si David Cronenberg n’avait pas déjà trouvé son peintre en la personne de Stephen Lack, Tony Oursler serait un directeur artistique parfait pour Scanners ou Videodrome.

Metro Pictures, 519 West 24th Street, New York, tél. 1 212 206 7100, jusqu’au 16 juin.



PARIS
- « La musique a déjà réussi à gommer les frontières entre les cultures à travers des créations mixtes loin de tout jugement exotique. Les autres arts y accéderont progressivement, notamment via les arts multimédia comme les installations », déclare Gaston Damag, d’origine philippine. Pour sa première exposition dans une galerie française, cet artiste présentera à la galerie Alain Le Gaillard une série d’installations sur le thème des Disparitions et la vidéo d’une performance récemment réalisée dans le cadre de l’exposition « Paris pour escale » à L’Arc.

Galerie Alain Le Gaillard, 19 rue Mazarine, 75006 Paris, tél. 01 43 26 25 35, du 17 mai au 7 juillet.

- Pour fêter son dixième anniversaire, la galerie Jennifer Flay propose une exposition qui se développe sur deux volets. Elle s’inscrit dans une série de projets collectifs abordant différentes thématiques qui ont ponctué l’histoire de la galerie depuis sa création en 1991. Son titre, « Soyez réalistes, demandez l’impossible », emprunté aux slogans révolutionnaires de Mai 68, évoque les motivations et la philosophie de cette entreprise, dans tous les sens du terme. De nature évolutive, l’exposition va subir une série de modifications et réunit des travaux d’Alain Séchas, Dominique Gonzalez-Foerster, Michel François, Claude Closky, Xavier Veilhan et bien d’autres.

Galerie Jennifer Flay, 20 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 44 06 73 60, jusqu’au 26 mai.

- L’œuvre d’Olaf Breuning, entre photographies et installations, comporte une indéniable dimension humoristique et ludique. Sa dernière installation, King, est à découvrir simultanément à la galerie Air de Paris, à Paris, et chez Arndt & Partner, à Berlin. La théâtralisation grotesque des personnages, vêtus parfois de cuirasses, perruques et autres accessoires relève d’un univers kitsch qui fait indubitablement référence à toute la culture cinématographique d’outre-Atlantique. La vidéo, tournée dans l’État américain de l’Utah, se présente comme un road movie qui peut aussi bien se référer à 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick qu’à Lost Highway de David Lynch. L’œuvre du jeune artiste suisse se situe ainsi au croisement de plusieurs influences, proche d’une certaine attitude adolescente, liant jeux vidéo, sport, film d’horreur, le tout passé à la moulinette des effets spéciaux et d’une uniformisation à l’américaine qui gomme toute origine.

Galerie Air de Paris, 32 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 44 23 02 77, jusqu’au 26 mai. Galerie Arndt & Partner, Auguststrasse 35, Berlin, tél. 49 30 280 81 23, jusqu’au 26 mai.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°127 du 11 mai 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (11 mai 2001)

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