Art précolombien et peinture occidentale

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 363 mots

Le metteur en scène américain Robert Wilson, dans le cadre de son exposition, joue à la fois les rôles du commissaire et du scénographe, en « revisitant » et repensant la manière d’exposer les collections d’art précolombien du musée Barbier-Mueller. L’artiste nous offre une gigantesque installation occupant tout l’espace du musée et s’articulant sur trois salles, chacune différenciée par une grammaire scénographique propre. Une image distincte du corps s’applique en effet à chacune des trois parties mises en avant : pieds, tronc et tête. Mais Bob Wilson songe aussi à trois façons de concevoir l’image dans la peinture occidentale traditionnelle : le portrait, la nature morte et le paysage, le tout déterminant et façonnant le regard porté sur les objets de la collection précolombienne Barbier-Mueller. C’est encore la notion de contraste que l’artiste explore d’une salle à l’autre, contraste des matières, des formes, des images, ou encore des références iconographiques et culturelles, contraste qui contribue à donner à l’expérience la dimension qu’il avait souhaitée : « Il y a plus important que le concept qui sous-tend l’exposition, c’est de mettre en valeur les objets différemment. »
Dans la première salle, une lumière crue et éblouissante enveloppe les colonnes remplies d’objets du quotidien (masques et figurines de Colima ou de Teotihuacan). Le schéma de circulation délibérément sinueux invite le visiteur à une observation de près. La salle de la nature morte impose une plus grande distance avec les objets, placés dans des niches de part et d’autre d’un couloir où les visiteurs déambulent comme en procession. Enfin le paysage, qui appelle une vision « de loin », invite le visiteur à se transformer en spectateur. Comme sur une scène de théâtre, une statue olmèque, statique et frontale, devient tour à tour enfant, femme ou homme, au gré des variations de lumière bleue, rouge, verte qui l’enveloppent. La menace d’un serpent dirigé contre elle fait passer cette sculpture du statut d’objet d’art à celui d’être humain. Et la magie opère, car le visiteur ne se lasse pas d’une contemplation aussi extatique...

« Images du corps, le musée réinterprété par Robert Wilson », BARCELONE, musée Barbier-Muller, Montcada 12-14, tél. 34 93 310 45 16, 4 juin-31 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Art précolombien et peinture occidentale

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