Arnal et Huynh

Voir et écouter

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 août 2009 - 357 mots

« Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps. »

La citation de Flaubert sied parfaitement aux deux convives du musée de l’Hospice Saint-Roch, à Issoudun : Arnal et Huynh. À François Arnal d’abord, qui a inscrit la phrase en exergue dans son atelier, parce qu’il faut prendre le temps devant ses toiles pour s’imprégner de leur énergie. À Jean-Baptiste Huynh ensuite, parce que l’agrandissement au format 120 x 120 cm d’une météorite, d’un scarabée ou d’un colvert naturalisé meurtri dans l’incendie du magasin Deyrolle à Paris oblige à regarder les choses autrement. Sinon à Voir, tout simplement.
Le premier, né en 1924, pourrait être le grand-père du second, né en 1966. Privilège de l’âge, il a les honneurs d’une exposition survolant toute sa carrière, de 1950 à 2008. Sans être une rétrospective – Beaubourg le fera-t-il du vivant de l’artiste ? –, l’accrochage confronte œuvres peintes, sculptées, dessinées, designées (de l’Atelier A) et même une œuvre chantée, dernière trouvaille hivernale d’Arnal. Résultat, dans un jeu strictement formel, la ceinture pendante du Voyage (1960) converse avec la verticalité de L’Homme debout devant la mer (1957), tandis que la rondeur et la mollesse du Double Écrou (1966) répondent à la droiture et à la rigidité d’Inox, réédition d’une chaise longue de 1975.
Chez Huynh aussi les dialogues se nouent mais, cette fois, avec les collections du musée. Ainsi, tout autour du salon reconstitué de Leonor Fini, fleuron de l’Hospice Saint-Roch, le photographe ouvre-t-il aux curieux les portes de l’appartement d’André Pieyre de Mandiargues, ami et amant de la peintre, à travers un reportage inédit réalisé peu avant et après le décès de l’écrivain, en 1991.
Ailleurs dans le musée, Huynh a choisi d’accrocher ses photographies d’insectes et de pierres, moins connues que ses portraits, en écho aux « curiosités » de la salle Cécile Reims et Fred Deux, et de celle des frères missionnaires où, là aussi, le visiteur peut entendre les œuvres et les cultures dialoguer.

« Arnal à Saint-Roch » et « Jean-Baptiste Huynh », musée de l’Hospice Saint-Roch, rue de l’hospice-Saint-Roch, Issoudun (36), tél. 02 54 21 01 76, jusqu’au 20 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : Arnal et Huynh

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque