Après l’effondrement du rêve américain

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1997 - 378 mots

La collection rassemblée par Daniel Lebard aux États-Unis s’articule autour du thème \"gravure et industrie\" et peut être considérée comme l’une des plus importantes sur le sujet.

La centaine d’œuvres présentées dans l’exposition appartient au genre de l’estampe – gravures en taille douce (burin, pointe-sèche, eau-forte), procédés en relief (gravures sur bois ou linoléum) ou encore procédés à plat comme la lithographie – et porte sur le thème du monde du travail. Comptés au nombre des travailleurs à secourir, les artistes ne sont pas oubliés. S’il s’agit d’un art subventionné, les artistes gardaient malgré tout la maîtrise de leurs sujets. Ces héritiers du mouvement précisionniste ont priviligié les images de villes, d’usines, en empruntant la technique de l’objectivité photographique. Les complexes industriels, les navires, les gratte-ciel de New York sont traités avec perfection, la présence humaine n’étant là que pour mettre en valeur la monumentalité des bâtiments construits par l’homme. Les artistes régionalistes, quant à eux, ont développé des images inspirées par la mécanisation et l’urbanisation, dans un style populiste proche de celui des scènes de campagne. Ceux qui s’intéressent au cœur de la ville la décrivent comme le siège d’un monde grouillant et irrespirable, trop dure pour ceux qui y travaillent. Nous avons donc choisi pour cette exposition un parcours qui commence par la vie de tous les jours.

Métro évoque à la fois la ville et les moyens de transport où l’on ne peut éviter l’écrasement aux heures de pointe. Et quand le chômage sévit, l’alternative au métro est le bureau de placement ou la queue pour la soupe populaire.

Les travailleurs, dans les usines ou dans la mine, sont confrontés à la machine, une machine que l’homme contrôle encore mal et avec laquelle les ouvriers s’empoignent, quand ce ne sont pas les machines qui se battent entre elles. Les accidents, fréquents, entraînent des grèves ou des conflits violents.

Quant aux paysages industriels, symboles des Temps modernes, ils inspirent la désolation quand ils nous montrent les cabanes des mineurs installées au pied des gisements de charbon, et sont plus tristes encore lorsqu’un clair de lune cherche à les rendre romantiques. Seules les images de gratte-ciel ou de ponts, où des hommes réfractaires au vertige travaillent sur des échafaudages, peuvent être interprétées comme un signe de confiance en l’avenir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : Après l’effondrement du rêve américain

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