XIXE SIÈCLE

Anders Zorn, le virtuose mondain

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2017 - 514 mots

Le Petit Palais présente une rétrospective du peintre suédois, grand portraitiste et graveur, absent des cimaises parisiennes depuis plus d’un siècle. Pour les amateurs.

 Paris. Trois ans après avoir présenté Carl Larsson, le Petit Palais consacre une exposition monographique à un autre Suédois, Anders Zorn (1860-1920). Mais si Zorn était l’ami de Larsson, il n’a jamais eu comme lui d’attirance pour la peinture d’histoire ni ne fut un artiste « de lumière et de silence », pour reprendre l’intitulé d’une exposition récente (au Musée Toulouse-Lautrec d’Albi) sur la colonie des peintres scandinaves installée en France à cette époque.

Organisée en partenariat avec le Nationalmuseum de Stockholm et le Zornmuseet de Mora, avec le concours de la Bibliothèque nationale de France, cette rétrospective chrono-thématique bénéficie d’une scénographie parfaite – une marque de fabrique du Petit Palais. Zorn aimait la photographie, qu’il utilisait d’ailleurs dans son travail. De grandes reproductions ornent les murs des salles consacrées aux voyages ou aux nus, tandis que celle qui résume « la décennie parisienne » se pare d’un rouge évoquant parfaitement les Salons, où le Suédois sut se montrer. Enfin, dans la partie consacrée à l’inspiration scandinave, des parois de planches évoquent l’architecture locale.

De l’enfance très modeste au peintre réaliste de la haute société
Dans la première salle, le visiteur apprend l’essentiel de la biographie d’un enfant illégitime et pauvre – mais héritant d’un pécule à la mort de son père naturel – devenu un peintre cosmopolite et mondain, finalement honoré par la Suède avec des funérailles nationales. Une intelligence sociale certaine, un sens aigu des affaires et une virtuosité époustouflante en ont fait de son vivant un artiste aussi célèbre en France ou aux États-Unis que dans son pays natal. D’où la salle entièrement consacrée aux portraits mondains, au centre de l’exposition. Les hommes y sont à leur avantage, les femmes pétillantes. Malgré la pose, le mouvement affleure toujours : on sent les banquiers prêts à bondir sur la première affaire qui passera, les femmes sur le point de s’adresser au peintre… « Monsieur Zorn est un réaliste (…) », écrivait Charles Morice dans le Mercure de France en 1906, à propos de la rétrospective de l’artiste organisée par Durand-Ruel. « Son regard est ferme, sa matière est belle, ses figures sont vivantes ; mais son regard ne pénètre pas profondément, sa matière lui permet de reproduire le spectacle des choses sans le commenter, et ce n’est pas d’une vie intérieure qu’on sent vibrer ses figures. » Zorn n’était certes pas prêt à se fâcher avec ses modèles de la haute société, surtout pas avec le roi Gustav V, dont le grand portrait trône à la meilleure place. Il était pourtant capable d’analyse psychologique et c’est dans la salle consacrée à ses estampes que cette facette apparaît le mieux.

À travers les grands paysages à l’aquarelle, les scènes quotidiennes sans misérabilisme, les nus lumineux, c’est un peintre heureux qui apparaît au fil des salles. La sélection de plus de 150 œuvres, qui évite les sujets racoleurs (essentiellement des nus) qu’il a pu produire à la fin de sa vie, fera certainement de Zorn l’une des attractions de l’automne parisien.

Anders Zorn, le maître de la peinture suédoise,
jusqu’au 17 décembre, Petit Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°486 du 6 octobre 2017, avec le titre suivant : Anders Zorn, le virtuose mondain

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