Amsterdam (Pays-Bas)

Amsterdam vote Matisse

Stedelijk Museum Jusqu’au 16 août 2015

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 13 mai 2015 - 408 mots

Kies Matisse! « Votez Matisse ! » Il n’y avait qu’à lire les immenses panneaux disséminés dans Amsterdam la veille de l’inauguration de l’exposition du Stedelijk Museum – et veille d’élections – pour comprendre combien une exposition Matisse aux Pays-Bas relève de l’événement.

Il faut admettre que le pays n’est pas le mieux doté en œuvres du maître : quatre au Stedelijk, une seule au Boijmans, trois dessins au Rijksmuseum… Ce qui explique qu’il y soit si difficile d’organiser une rétrospective de l’artiste, la dernière ayant eu lieu il y a cinquante ans. Mais impossible n’est pas néerlandais, et le musée municipal sait se faire opportuniste. Le Stedelijk Museum est pauvre en Matisse ? Certes, mais il conserve une immense composition en papiers gouachés découpés, qui est aussi l’un des chefs-d’œuvre du peintre : La Perruche et la sirène (1952-1953). Ainsi quand le MoMA et la Tate lui en demandent le prêt pour leur exposition sur les papiers découpés de Matisse en 2014, le musée est-il en position de négocier en retour sa propre présentation. Voilà donc pour le point de départ de l’exposition « L’Oasis de Matisse » qui débouche aujourd’hui sur la réunion de près de cent trente Matisse venus des quatre coins du monde. Un événement, vous dit-on ! Si le Stedelijk a fait le choix d’une rétrospective la plus large possible qui va de Nature morte avec livres (une étude de 1895) à L’Escargot de 1953 – Matisse meurt en 1954 –, le musée a pris le parti de la déployer au sein de ses propres collections permanentes réaccrochées pour l’occasion. Ainsi Matisse dialogue-t-il au fil du parcours chronologique avec Courbet, Cézanne, Kirchner, Maillol, Van Dongen, Picasso, Rothko et un tapa des îles Cook. Certains dialogues se montrent d’ailleurs extraordinairement bavards, comme le rapprochement du Baigneur de Malevitch (1911) avec La Baigneuse de Matisse (1909), que le suprématiste a probablement vu chez Chtchoukine. Ou la Femme assise de Karel Appel (1948) avec Intérieur à la fougère noire de Matisse peint la même année. Appel n’a sans doute pas vu le tableau de Matisse, mais il n’a jamais caché son admiration pour celui-ci, ni son influence. Le propos de « L’Oasis de Matisse » est donc autant d’offrir au public une grande exposition Matisse que de rafraîchir le regard porté sur la riche collection du musée. Une chose est sûre, il ne sera plus possible de revoir certaines toiles du Stedelijk sans penser au peintre.

« L’Oasis de Matisse »

Stedelijk Museum, Museumplein 10, Amsterdam (Pays-Bas), www.stedelijk.nl

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Amsterdam vote Matisse

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