Collection

Amin Jaffer : « C’est une chance de montrer la collection Al Thani à Paris »

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 3 janvier 2022 - 647 mots

PARIS

Conservateur en chef de la collection Al Thani, Amin Jaffer a précédemment dirigé le département arts d’Asie chez Christie’s Londres et travaillé au Victoria & Albert Museum.

Amin Jaffer. © Antonio Martinelli
Amin Jaffer.
© Antonio Martinelli
Pouvez-vous nous présenter la collection Al Thani qui vient d’ouvrir ses portes à l’hôtel de la Marine ?

La collection a été initiée il y a une vingtaine d’années par le cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani. Elle est très riche et diverse, elle compte aujourd’hui plus de 5 000 objets, choisis par cheikh Hamad car ils lui parlent. Le fil conducteur de cette collection est donc le goût de son fondateur, en reflétant ses centres d’intérêt. Ses points forts sont le mobilier français du XVIIIe siècle, les arts de l’Islam, les antiquités égyptiennes, mais aussi mésopotamiennes, les arts africains et mésoaméricains, ainsi que les objets d’art de la Renaissance et les bijoux. C’est une collection vivante, qui continue de s’agrandir, notamment dans le domaine des antiquités.

Des échantillons de la collection ont déjà été présentés par le passé : en quoi cet espace est-il différent ?

La collection a en effet déjà été en partie présentée deux fois en France, ainsi que dans de grandes villes à travers le monde comme Londres, Venise, New York ou encore Pékin et Saint-Pétersbourg. Nous allons continuer à la faire circuler. Mais cheikh Hamad voulait disposer d’un lieu où l’on pourrait montrer des pièces de sa collection de manière permanente. Paris s’est rapidement imposé comme le lieu idéal pour ce quartier général, car c’est dans cette ville que cheikh Hamad a commencé très jeune à s’intéresser à l’art en visitant le Louvre à l’âge de 6 ans avec sa mère. Cela a été le début d’une passion pour l’art et la France. C’est une chance de montrer la collection à Paris, car ses musées sont magnifiques, ses expositions sont certainement parmi les meilleures au monde et son public est très informé et curieux. De plus, comme cheikh Hamad apprécie tout particulièrement le XVIIIe siècle, cela avait du sens de s’installer dans ce site extraordinaire qu’est l’hôtel de la Marine.

Que découvrons-nous dans ces nouvelles galeries ?

La Al Thani Collection Foundation a signé avec le Centre des monuments nationaux un accord de création d’expositions et de prêts d’œuvres pour une durée de vingt ans. Parallèlement à la présentation permanente des chefs-d’œuvre de la collection, nous organiserons deux expositions par an. La première exposition est consacrée aux arts de l’Islam ; la prochaine sera réalisée en collaboration avec le Musée Calouste Gulbenkian de Lisbonne, en partenariat avec l’Institut français, dans le cadre de la saison France-Portugal. Par la suite, nous envisageons également des collaborations avec des institutions françaises et européennes. À l’hôtel de la Marine, la collection dispose d’un espace d’environ quatre cents mètres carrés, ce qui nous permet de présenter environ 120 objets au cours de cette exposition inaugurale. Les pièces de ce parcours ont été sélectionnées pour leur caractère profondément universel, avec pour fil rouge la créativité à travers les différentes civilisations. Les galeries ont été conçues pour montrer les trésors de la collection dans une scénographie qui favorise la rencontre, le dialogue entre l’objet et le visiteur. Notre objectif est que le public ait vraiment conscience qu’il découvre des pièces exceptionnelles, quelque chose de profondément original et de très grande qualité.

La collection

Elle est présentée par la Al Thani Collection Foundation, une organisation privée à but non lucratif créée par Hamad bin Abdullah Al Thani, cheikh qatari cousin de l’émir.


120

C’est le nombre d’objets et d’œuvres d’art présentés au sein de l’hôtel de la Marine. Cet accrochage axé sur les trésors réunit des pièces exceptionnelles de l’Antiquité au XIXe siècle évoquant les grandes civilisations.


« On est plus proche du “musée imaginaire” cher à Malraux où se télescopaient les cultures que d’un musée classique où les œuvres sont sagement classées par genre et par pays » Harry Bellet, Le Monde, 18 novembre 2021

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Amin Jaffer : C’est une chance de montrer la collection Al Thani à Paris

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