Art moderne - Photographie

Alberto Giacometti / Sophie Ristelhueber, dialogue intime

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2022 - 460 mots

PARIS

La photographe fait raisonner l’intériorité de ses œuvres avec celles du sculpteur, à l’Institut Giacometti.

Paris. Douze ans après leur collaboration autour d’un livre d’entretiens, Catherine Grenier devenue entre-temps directrice de la Fondation Giacometti a demandé à la photographe Sophie Ristelhueber de concevoir une exposition qui fait dialoguer les œuvres d’Alberto Giacometti (1901-1966) avec les siennes, à l’instar de la carte blanche confiée à Annette Messager en 2018. Cet exercice n’est pas inédit pour la photographe qui avait déjà eu l’occasion de le pratiquer en 2002 au Musée Zadkine.

Le dialogue avec Alberto Giacometti repose sur un parallèle entre leurs environnements familiaux respectifs, plein d’intimité et de correspondances délicatement orchestrées. Le décor et l’atmosphère de l’Institut, un ancien hôtel particulier de style Art déco, offre à cet égard un cadre idéal à ces histoires de liens et de lieux de l’enfance : Stampa en Suisse pour Giacometti ; Vulaines, une petite ville de Seine-et-Marne pour Ristelhueber.

Filiations des artistes

Les membres de la famille de Giacometti ont été ses premiers modèles, comme le rappellent la Tête de la mère (plate) et la Tête du père (ronde) choisies par Ristelhueber en préambule à l’exposition, suivie de la galerie de portraits peints par l’artiste dans sa jeunesse et, un peu plus loin, ceux réalisés dans les années 1946-1965. « C’est avec ces tableaux et ces petites têtes en plâtre de Giacometti représentant également ses proches que la question du lien et de la filiation m’est apparue très vite », explique Sophie Ristelhueber, qui a également retenu une rare vue du jardin de Stampa : « La seule que Giacometti a peinte en 1962 », précise Hugo Daniel, commissaire de l’exposition.

Les rapports de Giacometti avec l’environnement de son enfance font écho à ceux de Sophie Ristelhueber avec sa propre famille, en particulier son père, médecin. Mais aussi avec Vulaines dont on retrouve ici un diptyque avec d’autres photographes de séries connues de l’artiste (telle cette photographie monumentale de points de suture à proximité d’un œil, tirée de la série « Every One »), ou conçues spécialement pour l’exposition comme Legacy, polyptyque de photographies de paysages et de deux portraits, un d’elle et l’autre, de sa grand-mère.

« Sophie Ristelhueber aime les images pour leur ambiguïté, par ce qu’elles peuvent décrire d’une réalité en en montrant une autre, par ce qu’elles peuvent produire en métaphores et en troubles », rappelle Hugo Daniel qui relève « la présentation très originale et stimulante » de l’installation dans du papier de soie des petites têtes en plâtre de Giacometti disposées en têtes étendues, dormantes ou passées de vie à trépas. « Je ne me le serais jamais autorisé », confie le commissaire, mais que s’autorise Ristelhueber en l’associant à une série de portraits de patients en réanimation, inédits depuis leur présentation à la Biennale de Paris en 1982.

Alberto Giacometti / Sophie Ristelhueber. Legacy,
jusqu’au 30 novembre, Institut Giacometti, 5, rue Victor-Schoelcher, 75014 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Alberto Giacometti / Sophie Ristelhueber, dialogue intime

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