Mode

ART CONTEMPORAIN

Agnès b. au-delà des modes

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2017 - 471 mots

La Collection Lambert en Avignon expose une sélection de 300 œuvres de la collection de la styliste. Cet ensemble muséal, en phase avec son univers inspiré de la pop culture, réserve quelques surprises.

Avignon. Lorsqu’on l’interroge sur sa vocation de collectionneuse, Agnès b. avoue qu’adolescente elle aurait voulu suivre des cours à l’École du Louvre pour devenir conservatrice de musée. « À 17 ans, mariée à [l’éditeur] Christian Bourgois, je travaillais à la galerie Fournier, où je classais les œuvres de Simon Hantaï. Je le voyais régulièrement. Une très belle petite toile bleue figure dans l’exposition. C’est la dernière que j’ai achetée à Jean Fournier de son vivant. » L’un des innombrables chefs-d’œuvre dans cette sélection de plus de 300 pièces parmi les quelque 5 000 que compterait à ce jour sa collection.

Fascinée depuis toujours par les artistes, la créatrice de mode a l’œil. Elle a souvent acheté avant les autres. Que sa collection soit exposée dans les murs de la Collection Lambert en Avignon n’est pas totalement dû au hasard. La collectionneuse et le galeriste se connaissent depuis plusieurs décennies. « Basquiat exposait en janvier 1988 chez Yvon Lambert. Le soir du vernissage, il m’a reconnue et abordée. Warhol lui offrait des chemises qui venaient de chez moi, à New York. Il m’a attendue au café en face, on a discuté, et c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours. Ce fut malheureusement notre unique rencontre, il est mort à New York quelques mois plus tard. » Du « Black Picasso », elle possède plusieurs peintures et dessins. Au fil de salles thématiques défilent d’autres pépites. Beaucoup de photographies : Polaroid de Warhol, autoportrait de Mapplethorpe, images de Gus Van Sant… Des figures iconiques : Allen Ginsberg, William S. Burroughs, Dennis Hopper, Patti Smith… Autre tropisme connu, l’Afrique, de Chéri Samba à Malick Sidibé. Au sein de cet aréopage de légendes glamour ou rebelles, certaines œuvres dénotent. Tel ce portrait de Marcel Duchamp par Man Ray, ces photos de Brassaï, Kertész, Abbott, un anonyme montrant Sarah Bernhardt [dormant] dans son cercueil (1880). Mais aussi Raymond Hains, une toile de Calder de 1970, une Mappa del Mondo de Boetti à côté d’un Keffieh de Mona Hatoum, Cyprien Gaillard, Jean-Michel Othoniel. Et ce grand dessin au crayon de couleur sur papier, Scène du jeune Ogier et du Commandeur de St. Vit, signé Pierre Klossowski, frère trop oublié de Balthus.

Des œuvres témoignent de l’engagement politique de la styliste, qui devant l’affiche Hope d’Obama, offerte par Shepard Fairey, avance plus volontiers : « Mon héros, c’est Jean Moulin ! » L’exposition en forme de miroir (à facettes), dessine les contours d’une personnalité aux goûts sûrs, plus éclectiques, plus classiques qu’attendus de prime abord. Une curiosité, une ouverture d’esprit qui donnent envie d’en voir davantage, en attendant l’inauguration de la Fondation, prévue au printemps 2018, dans un quartier populaire de Paris.

 

On aime l’art ! agnès b. Un choix d’Éric Mézil parmi les œuvres de la collection agnès b.,
jusqu’au 5 novembre, Collection Lambert, 5, rue Violette, 84000 Avignon.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Agnès b. au-delà des modes

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